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samedi 9 novembre 2019

Les variétés des GS des carnets de la Semeuse 137 au type I



Dans le précédent article, j’ai décrit les variétés constantes du galvanotype (GT) ayant servi à créer les différents galvanos de service (GS) de la (les ?) forme(s) d’impression de ces carnets. De fait, il y a eu au minimum 6 GS de créés pour réaliser une forme (Fig.1). Pour rappel, à la sortie de l’impression, la feuille contient 240 timbres. Elle sera coupée verticalement par la moitié puis les demi-feuilles (GS 1+2+3 et GS 4+5+6) seront empilées les unes sur les autres pour ensuite donner naissance aux carnets.

Figure 1 : feuille de carnet obtenue à la sortie de l’impression par la forme avec l’emplacement des différents galvanos de service (1 à 6). Cette image est un photomontage à partir d’une demi-feuille présentée par semeuse13 sur son blog.

La recherche des variétés de GS se base sur les mêmes carnets que dans l’article précédent à savoir :

- 6 blocs de 20 timbres provenant de 3 carnets haut de feuille différents (haut de GT)

- 8 blocs de 20 timbres provenant de 8 carnets haut de feuille différents (haut de GT)

- 2 blocs de 10 timbres provenant du même carnet haut de feuille (haut de GT)

- 4 blocs de 20 timbres provenant de 2 carnets différents (haut de GT)

- 1 bloc de 20 timbres provenant d’un carnet (haut de GT)

- 8 blocs de 20 timbres de 8 carnets différents (bas de GT)

- 4 blocs de 20 timbres de 2 carnets différents (bas de GT)



Pour mémoire, on reconnait des carnets situés en haut de feuille par l’absence de perforations sur la partie haute des carnets (Fig.2)

Figure 2 : Deux demi carnets dont un haut de feuille (gauche) et l’autre ailleurs sur la feuille (droite)

La difficulté de cette recherche réside dans le fait que je ne possède pas de feuille entière de carnet donc il m’est impossible de savoir à quel GS appartient chaque variété identifiée. Malgré cela, on observe l’existence de 17 variétés de GS avec 5 d’entre elles qui sont incertaines. La position des variétés sur le timbre correspond aux cases du quadrillage réalisé sur la Semeuse (Fig.3)

Figure 3 : Quadrillage utilisé pour repérer les variétés de galvano sur la semeuse 5 c verte

Dans le tableau 1 ci-dessous, vous trouverez les variétés visibles sur les carnets imprimés avec la partie haute du GS (timbre 1 à 20). Il existe deux types de carnets dans ce cas :

- Ceux qui sont haut de feuille (HDF) donc imprimés avec le 1er ou le 4ème GS

- Ceux qui ne sont pas haut de feuille (non HDF) donc provenant des GS 2, 3, 5 ou 6

Tableau 1 : Variétés observées sur les parties hautes des GS. En jaune celles présentes sur l’ensemble des carnets HDF et en bleue celles présentes sur certains carnets non HDF. Le terme case désigne l’emplacement de la variété sur le quadrillage du terme présenté dans le précédent article.

                On constate immédiatement que tous les carnets HDF ont les mêmes variétés de GS donc ils sont sans doute issus du GS 1 ou du GS 4. En l’absence de feuille de carnet complète, il est impossible de trancher.

Pour les carnets qui ne sont pas HDF mais partie haute du GS, les 5 ont tous les variétés des cases 8, 11 et 20. Ils sont donc tous issus du même GS. En revanche, il y en a un sur les 5 qui diffère des autres pour les cases 2, 3 et 12. Il s’agit du carnet haut de Gt dont je ne possède qu’un bloc de 20 timbres. Il possède les variétés de case 2 et 12 et c’est le seul à ne pas posséder la variété de case 3 ce qui est en opposition avec la conclusion précédente. Il faut noter que les variétés en case 2, 3 et 12 sont toutes au même endroit sur la gravure des timbres (emplacement E4). On peut donc émettre l’hypothèse que ces « variétés » sont le fruit d’un écart dans le réglage de la pression du cylindre (étape de mise en train) lors de l’impression plutôt que d’une différence réelle de gravure sur le GS car si ce carnet provenait d’un GS différent, il n’aurait pas les variétés de case 8, 11 et 20.

Au final on peut dire qu’il existe 7 variétés constantes sur la partie haute des GS et 3 qui sont instables ou incertaines.

Les carnets obtenus à partir des parties basses des GS ont eux aussi leur part d’incertitude quant aux variétés de GS. Le tableau 2 rassemble les différences notables entre les 12 blocs de 20 timbres analysés.

Tableau 2 : Variétés observées sur les parties basses des GS. En jaune celles présentes sur 11 des 12 carnets analysés et en bleue celles présentes sur certains carnets mais en moindre proportions.

                Pour les variétés des cases 32, 35, 36 et 38, c’est toujours le même carnet qui ne possède pas ces variétés. Je l’ai baptisé « carnet LC » non pas pour « Le Casse …pied » mais des initiales de son propriétaire. Je n’ai le scan que d’un des 2 blocs de 20 timbres de ce carnet. Il provient donc d’un GS différent des 11 autres. C’est logique mais surprenant que sur l’ensemble des scans récupérés auprès de diverses personnes, la grande majorité provient du même GS… la dure loi de « murphy » quand l’échantillonnage de départ est faible ! 

Ce « carnet LC » et 2 autres ont une variété en case 33 ce qui pose problème. A propos des variétés en case 21, elles sont différentes et sont présentes sur 4 carnets dont je n’ai qu’un scan du premier bloc de 20 timbres pour chacun d’eux. Ils font partie des 11 blocs de 20 timbres qui possèdent les variétés de case 32, 35, 36 et 38. Comme par hasard, on est à nouveau à l’emplacement E4 comme précédemment. J’ai hésité à les décrire mais dans une volonté de montrer toutes les informations obtenues de cette analyse, même celles qui me dérangent, j’ai fait le choix de vous les présenter. Je pense qu’elles ne sont pas significatives.


On peut toutefois envisager une autre hypothèse pour ces parties basses de GS. Le « carnet LC » pourrait avoir eu une impression imparfaite et à ce moment-là ces 4 variétés (cases 32, 35, 36 et 38) seraient des variétés de GT et non de GS. De ce fait, la variété de case 33 serait alors une vraie variété de GS.

Comme toujours avec ces chères Semeuses, plus on les étudie et plus on se heurte à de nouvelles interrogations. Un moyen d’y remédier serait d’obtenir de nouveaux scans de timbres de carnets de la Semeuse 137 au type I même s’il s’agit de blocs partiels donc n’hésitez pas à me contacter à ce sujet.


Merci au "forumiste indépendant" pour ses corrections pertinentes même s'il veut rester anonyme 😉

mardi 5 novembre 2019

Les variétés de GT des carnets de la Semeuse 5 c verte au type I


Les timbres à l’effigie de la Semeuse camée ont été imprimés par typographie à plat ou en rotative. La Semeuse camée 5 c verte l’a été exclusivement en typographie à plat alors que d’autres ont connu (ou subi) les deux types d’impressions. En toute subjectivité, je vais me focaliser sur la Semeuse 5c verte au type I qui fut imprimée sous trois types de feuilles et donc avec 3 formes d’impression :

-Les feuilles de vente contenant 300 timbres imprimés en 6 blocs de 2 fois 25 timbres puis coupées en deux verticalement pour donner des feuilles de vente (au détail) de 150 timbres (Fig.1). Chaque ensemble de 2 x 25 timbres espacé par le pont des millésimes est une copie du galvanotype appelé galvano de service.

- Les feuilles de roulettes contenant 300 timbres imprimés en 4 blocs de 75 timbres séparés verticalement puis coupées en 2 feuilles de 150 timbres (2 blocs de 75). Elles sont ensuite coupées en feuilles de roulettes de 150 timbres puis chacune d’entre elle en bandes verticales de 15 timbres et raboutées entre elles pour donner des bobines de 600 timbres. Ces bobines appelées roulettes permettront de vendre les timbres sur des distributeurs comme l’explique fort bien Jean Luc dans son blog (Fig.1). Tout comme les feuilles de vente, chaque ensemble de 2 x 25 timbres espacé par le pont des millésimes est une copie du galvanotype appelé galvano de service.

- les feuilles de carnets imprimées en feuilles de 240 timbres répartis en 12 blocs de 20 timbres puis coupées verticalement en 2 feuilles de 120 timbres (Fig.1). Chaque bloc de 4 x 10 timbres espacé par le pont (sans millésime) est une copie du galvanotype.

Fig.1 : demi-feuilles de vente (gauche), de roulette (centre) et de carnet (droite)
(Illustrations semeuse13, Philippe L. et Jean Luc)

Comme je l’expliquais dans mon article du 6 Octobre 2019, le poinçon original avec la faciale gravée dessus est copié 50 fois pour donner le galvanotype agencé en 2 x 25 copies espacées par le pont où sera ensuite enchâssé le millésime. Ce galvanotype est ensuite copié en 6 galvanos de service qui seront assemblés comme souhaité et visés sur un support en bois pour réaliser la forme d’impression des feuilles de vente ou de roulette. Dans le cas des carnets, il existe, théoriquement, plusieurs possibilités :
1) On réalise un galvanotype spécifique des carnets avec 40 copies du poinçon original qui donnera ensuite 6 galvanos de service assemblés de telle sorte que l’on puisse obtenir une forme d’impression spécifique des carnets ou
2) On réalise une copie en plomb (ou en cire) du galvanotype de 2 x 50 des feuilles de vente que l’on retravaille de telle sorte que la troisième rangée de timbre soit éliminée par burinage (ou chauffage si copie en cire). Cette copie peut alors être passée en galvanoplastie pour reformer un galvanotype spécifique des carnets et être copié en 6 galvanos de service pour obtenir une forme d’impression spécifique des carnets ou
3) On fabrique 6 galvanos de service à partir du galvanotype des feuilles de vente sur lesquels on va découper la troisième rangée de timbre. On obtient ainsi 12 demi-galvanos de service que l’on fixera sur le support en bois de la forme d’impression de telle sorte que l’on puisse imprimer des feuilles de carnet.

Aujourd’hui il est difficile de trancher entre ces 3 hypothèses. La première peut entrainer une usure prématurée du poinçon original car il subit 50 copies pour les feuilles de vente et 40 pour celle des feuilles de carnet. De plus la réalisation d’un galvanotype est longue donc couteuse. La deuxième hypothèse est moins traumatisante pour le poinçon mais longue elle aussi car on réalise une galvanoplastie. Enfin la troisième est plus rapide donc plus rentable mais parait plus « artisanale » …

Un moyen d’essayer de répondre à cette interrogation est d’étudier les variétés de galvano que l’on peut identifier sur une feuille de timbre. Théoriquement, tous les timbres d’une feuille (carnet ou roulette ou de vente) sont parfaitement identiques en terme de graphisme au poinçon original. Intuitivement, on se doute qu’avec les moyens techniques des années 1907, les multiples copies du poinçon original n’étaient pas toutes « parfaites ». L’intuition n’étant pas une science exacte, il convient de la vérifier par des faits concrets.
Une analyse poussée (avec les outils numériques du XXIème siècle) d’une ou plusieurs feuilles montre qu’il existe parfois quelques infimes variations dans le produit de l’impression qu’est un timbre. Lorsque ces variations apparaissent de façon aléatoire sur une feuille, on parlera de variétés d’impression dues à un corps étranger qui s’est glissé entre feuille et forme ou à un mauvais réglage de la machine lors de la mise en train. En revanche, lorsque cette « erreur » (par rapport au poinçon original) se répète systématiquement au même endroit sur tous les galvanos de service de la forme d’impression (par exemple timbre 5 du galvano et donc timbre 5, 55 et 105 d’une feuille) sur toutes les feuilles, on parlera de variété de galvanotype. Enfin, si ce timbre 5 est modifié uniquement sur le 2eme galvano de la forme d’impression (position 55 de la feuille) mais sur plusieurs feuilles, on parlera de variété de galvano de service.

Jean Luc, dans son analyse approfondie des roulettes, avait identifié plusieurs variétés de galvano-type et de galvano de service tant sur la Semeuse 5 c verte que sur la Semeuse 10c rouge. Ce travail d’observation est d’autant plus difficile qu’il faut avoir de très bons scans de feuilles entières ou au moins de 50 timbres ce qui n’est pas simple à obtenir. Les blocs plus petits servent souvent à confirmer les trouvailles incertaines. Ce travail de fourmi (très) patiente a fait des émules tels que Patrick R. avec la Semeuse lignée 15 c ou Patrice avec la Semeuse lignée 10 c. De mon côté, j’avais complété le travail de Jean Luc sur la Semeuse 5 c en identifiant quelques variétés supplémentaires que j’avais publié dans mon précédent blog aujourd’hui disparu dans les méandres du net.
La première constatation faite par Jean Luc grâce aux variétés de galvanotypes des roulettes de la Semeuse 5 c verte c’est que l’on retrouvait exactement les même variétés de galvanotype sur les feuilles de vente. Cela prouvait donc que les galvanos de service des feuilles de roulette et de vente étaient tous des copies d’un même galvanotype. On s’en doutait « intuitivement » mais la preuve matérielle est très préférable à l’intuition pour réaliser une démonstration indiscutable. Pour faciliter le repérage des variétés, un quadrillage a été réalisé sur la Semeuse 5 c en se référant au coin supérieur gauche (Fig.2). 

Figure 2 : Quadrillage utilisé pour repérer les variétés de galvano sur la semeuse 5 c verte

J’ai fait ci-dessous une synthèse des différentes variétés de galvanotype pour la Semeuse 5 c connues à ce jour (Fig.3). J’ai suivi la logique « occidentale » pour la numérotation des timbres à savoir lecture de haut en bas et de gauche à droite. De ce fait, le timbre 1 est en haut à gauche du galvanotype, le timbre 5 juste avant le pont des millésimes, le timbre 6 juste après ce pont sur la première ligne, le timbre 10 en haut à droite, le timbre 11 au début de la deuxième ligne et ainsi de suite jusqu’au timbre 50 en bas à droite.

Figure 3 : Ensemble des variétés de galvanotype identifiées sur les feuilles de vente et de roulette de la Semeuse 5 c verte

                Ces feuilles de ventes et de roulettes furent commercialisées respectivement le 19 Mars 1907 et le 13 mars 1908. Toutefois, les premières semeuses 5 c vertes commercialisée le furent le 6 Mars 1907 sous la forme de carnet (le 5 Mars 1907 pour les parlementaires). Ces carnets de 40 Semeuses 5 c vertes (2 x 20) sont au type I comme les feuilles de vente et de roulette mais ils sont rares et il n’est donc pas simple de se les procurer de nos jours. De ce fait, il n’y a pas eu de recherche de variétés de galvanotype réalisée récemment sur ces carnets exception faite des travaux de Pierre de Lizeray (Cf ci-dessous)
Il faut savoir que lors de la fabrication de ces carnets, les feuilles imprimées de 240 timbres étaient massicotées verticalement pour donner 2 feuilles de 120 timbres (cf ci-dessus). Dans ces tas de feuilles de 120 timbres, on prenait 2 feuilles à suivre, on glissait une feuille hydrophobe translucide entre les 2 pour éviter que les timbres ne collent entre eux puis on plaçait le tout sur un papier cartonné où étaient imprimées les inscriptions des couvertures des carnets (Fig.4). Après agrafage, il y avait massicotage de l’ensemble horizontalement et on obtenait 6 carnets prêts à être plié en 2. En conséquence, un carnet contient 2 blocs de 20 timbres issus de 2 feuilles différentes mais imprimées avec la même zone du galvanotype et du même galvano de service sauf cas exceptionnel (jonction entre 2 tas de feuille massicotées.

Fig.4 : feuille cartonnée de couverture de carnet (manque partie basses)
(Illustration semeuse13)

Pierre de Lizeray avait étudié ces carnets afin d’identifier des spécificités graphiques permettant de les distinguer des timbres issus des feuilles de vente ou de roulette. Sa conclusion avait été que certains de ces timbres de carnet avaient une « tache parasite » dans la robe. Cette spécificité était présente sur les timbres 16 à 20, 26 à 30 et 36 à 40. Cela avait donné naissance au « type IB » spécifique des carnets mais il s’est avéré que cette spécificité se retrouvait aussi sur quelques timbres issus de feuilles de ventes (cf mon article du 8 Juin 2019). Toutefois cette découverte a un intérêt majeur : elle permet de différencier les carnets issus des parties hautes (carnets avec tache en cases 16 à 20) ou des parties basses (carnets avec taches en cases 26 à30 et 36 à 40) du galvanotype (Fig.5).

Figure 5 : Position des taches (T) identifiées par Pierre de Lizeray sur les carnets de la Semeuse 5 c verte

                Grace à ce travail de départ, il est donc possible de classer les carnets en 2 groupes : ceux du haut et ceux du bas de galvanotype et de chercher des variétés de case des galvanotypes. Partant de là, j’ai collecté des scans de bonne qualité de ces carnets de la Semeuse 5 c verte au type I auprès de plusieurs collectionneurs de Semeuses ou de carnets (L. Coutan, semeuse13, Patrick R., …), auprès de marchands (Cérès, la postale) ou auprès du musée de la poste, . Au final, j’ai obtenu le scan de :
- 15 carnets correspondants à des hauts de GT (dont 12 carnets haut de feuille)
- 10 carnets correspondants à des bas de GT
Ce n’est pas énorme statistiquement parlant mais très suffisant pour effectuer des recherches de variétés de cases de GT ou de GS. Dans la figure 6 ci-dessous sont indiquées toutes les variétés de galvanotype repérées.

Figure 6 : Variétés de galvanotype repérées sur les carnets de la Semeuse 5 c au type I

                Si l’on compare ces variétés de GT de carnets à celles des feuilles de vente ou de roulette, on constate qu’il n’y en a pas une en commun. En conséquence, on peut en déduire qu’il n’y a pas eu copie du GT des feuilles de vente ou roulette pour réaliser celui des feuilles de carnet (hypothèses 2 et 3 émises au début). On peut donc en conclure qu’il y a bien eu un galvanotype des feuilles de carnets spécifique et indépendant de celui des feuilles de vente. Pour la petite histoire, sachez qu’il y a aussi 17 variétés de galvano de service identifiées sur ces carnets. Il faut noter que les 12 carnets issus de haut de feuille ont tous les mêmes variétés de GS suggérant qu’il n’y a peut-être eu qu’une seule forme d’impression pour ces carnets. Étant donné que le tirage de ce carnet est inconnu, il est difficile de savoir si cette hypothèse est plausible ou pas …. dans l’immédiat.

mercredi 9 octobre 2019

Les ponts ... encore ...


                Nicolas C. vient de me faire parvenir 147 nouveaux scans de millésimes des Semeuses 137 à 142. J’en profite donc pour faire une synthèse de tous les résultats sur l’ensemble des 1275 millésimes analysés.
Pour mémoire, ces mesures sont faites en considérant qu’il y a une erreur de mesure de +/- 0,2 mm. On constate rapidement que les Semeuses les plus étudiées historiquement (137, 138 et 140) sont sur-représentées par rapport aux autres dans cette étude (Tableau 1).


Tableau 1 : nombre de millésimes analysés par Semeuse

Leur analyse confirme les informations obtenues précédemment. Tout d’abord les Semeuses 137 (5 c), 139 (20 c) et 142 (35 c) ne présentent pas de variétés dans la largeur de leur pont qui mesure 12,20 mm à 12,30 mm soit la demi largeur d’un timbre (Tableau 2). Cela sous-entend que les formes d’impression sont restées identiques du début à la fin de leur fabrication sans aucune retouche des galvanos de service. Autant pour les Semeuses 139 et 142 cela peut se comprendre car leur tirage fut moindre mais pour la Semeuse 137 c’est surprenant vu le nombre de timbres imprimés à cette faciale. Ceci est d’autant plus vrai quand l’on sait que les deux autres Semeuses à fort tirage (138 et 140) ont vu leurs galvanos de service retouchés à plusieurs reprises comme le montre par exemple la case 13 au type IA des carnets de la Semeuse 138 ainsi que les mesures de leurs ponts (Cf ci-dessous).


Tableau 2 : Mesure des ponts pour les millésimes des Semeuses 137, 139 et 142

            Pour la Semeuse 141 (30 c) on constate dès 1907, l’année de son émission, l’existence de deux largeurs de pont (Tableau 3). On peut donc en déduire qu’il existait dès le départ deux formes d’impression. L’autre hypothèse, c’est que les imprimeurs aient créé une forme ayant deux largeurs de ponts différentes … surprenant de la part de techniciens aussi expérimentés. Seule l’analyse de feuilles entières de cette Semeuse permettrait de trancher entre les deux hypothèses. Étant donné que cette Semeuse fut imprimée de 1907 à 1920, cette dernière hypothèse est très improbable. A l’inverse, on peut se demander comment cet écart s’est conservé au cours des années ? La seule hypothèse qui vient à l’esprit c’est que les formes d’impression ont été conservées tout au long de ces années ce qui sous-entend qu’il y a eu de faibles tirages chaque année pour ne pas user les galvanos de service ce qui provoquerait leur changement et donc une modification dans les tailles des ponts.


Tableau 3 : Mesure des ponts pour les millésimes de la Semeuse 141

            En ce qui concerne la Semeuse 140, on observe trois largeurs de ponts (Tableau 4). Au début de son émission et pendant les 4 années qui suivent, les ponts font 12,00 mm en moyenne. À partir de 1911, on constate l’apparition de ponts de 12,60 mm jusqu’en 1914. Un millésime a même été mesuré à 13,00 en 1911. En revanche les petits ponts de 12,00 mm disparaissent pendant cette période. Ceci suggère que les formes d’impressions ont été refaites entièrement sans doute en raison de l’usure des galvanos de service. Étant donné que cette Semeuse a eu un très gros tirage, il n’est pas surprenant que l’usure apparaisse assez « rapidement ».  En 1915, à nouveau après 4 ans d’impression, les ponts reviennent à leur taille initiale de 12,00 mm. On peut donc supposer que la durée de vie des galvanos de service était de 4 ans pour des tirages aussi importants. Cette largeur de pont se maintiendra jusqu’en 1923 où on cessa de l’imprimer en typographie à plat avec ce type IA. En revanche, le type III imprimé à plat en 1923 et 1924 a une largeur de pont de 11,30 mm qui est la plus faible connue. Cela confirme que ces variations apparaissent lors de la création de nouvelles formes d’impression.


Tableau 4 : Mesure des ponts pour les millésimes de la Semeuse 140

            Enfin, la Semeuse 138 est la plus complexe de toutes. En effet, on peut mesurer jusqu’à 3 largeurs de pont différentes la même année (tableau 5). Lors de son émission, on retrouve, à l’image de la Semeuse 141, deux largeurs de pont (12,40 et 11,80 mm contre 12,30 et 11,70 mm pour la Semeuse 141). Cet écart de 0,6 mm et cette coexistence se maintiendra quasiment tout au long de son impression jusqu’en 1921 à l’exception des années 1913, 1914, 1915 et 1921. A l’image de la Semeuse 140, on voit apparaitre une 3eme largeur de pont (13,00 mm) en 1911 jusqu’en 1915 mais en faible quantité malgré les 324 millésimes analysés. Dans l’étude des millésimes de cette Semeuse, on notera l’existence de 6 millésimes de 12,10 mm qui sont juste à la jonction des ponts de 12,40 mm (12,60 à 12,20 mm) et des ponts de 11,80 mm (11,60 à 12,00 mm). Est-ce dû a des erreurs de mesure ou à l’existence d’une quatrième largeur de pont ? Difficile de répondre en l’état même si intuitivement je pencherai pour la première hypothèse.

Tableau 5 : Mesure des ponts pour les millésimes de la Semeuse 138

            Cette étude sur les largeurs des ponts pourrait être continuée à « l’infini » mais elle ne présente plus beaucoup d’intérêts pour les Semeuses 137, 138 et 140 vu le nombre de millésimes analysés. L’analyse des ponts sur des feuilles entière pourrait peut-être apporter des informations complémentaires mais encore faut-il en trouver un nombre suffisant ! En revanche, la poursuite de l’étude pourrait se justifier pour les autres Semeuses (139, 141, 142) où l’échantillonnage testé est beaucoup moins important. N’oublions pas qu’il faut encore regarder du côté des Semeuses lignées … mais là il va être beaucoup plus difficile de trouver de nombreux millésimes vu leur rareté.