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mardi 5 novembre 2019

Les variétés de GT des carnets de la Semeuse 5 c verte au type I


Les timbres à l’effigie de la Semeuse camée ont été imprimés par typographie à plat ou en rotative. La Semeuse camée 5 c verte l’a été exclusivement en typographie à plat alors que d’autres ont connu (ou subi) les deux types d’impressions. En toute subjectivité, je vais me focaliser sur la Semeuse 5c verte au type I qui fut imprimée sous trois types de feuilles et donc avec 3 formes d’impression :

-Les feuilles de vente contenant 300 timbres imprimés en 6 blocs de 2 fois 25 timbres puis coupées en deux verticalement pour donner des feuilles de vente (au détail) de 150 timbres (Fig.1). Chaque ensemble de 2 x 25 timbres espacé par le pont des millésimes est une copie du galvanotype appelé galvano de service.

- Les feuilles de roulettes contenant 300 timbres imprimés en 4 blocs de 75 timbres séparés verticalement puis coupées en 2 feuilles de 150 timbres (2 blocs de 75). Elles sont ensuite coupées en feuilles de roulettes de 150 timbres puis chacune d’entre elle en bandes verticales de 15 timbres et raboutées entre elles pour donner des bobines de 600 timbres. Ces bobines appelées roulettes permettront de vendre les timbres sur des distributeurs comme l’explique fort bien Jean Luc dans son blog (Fig.1). Tout comme les feuilles de vente, chaque ensemble de 2 x 25 timbres espacé par le pont des millésimes est une copie du galvanotype appelé galvano de service.

- les feuilles de carnets imprimées en feuilles de 240 timbres répartis en 12 blocs de 20 timbres puis coupées verticalement en 2 feuilles de 120 timbres (Fig.1). Chaque bloc de 4 x 10 timbres espacé par le pont (sans millésime) est une copie du galvanotype.

Fig.1 : demi-feuilles de vente (gauche), de roulette (centre) et de carnet (droite)
(Illustrations semeuse13, Philippe L. et Jean Luc)

Comme je l’expliquais dans mon article du 6 Octobre 2019, le poinçon original avec la faciale gravée dessus est copié 50 fois pour donner le galvanotype agencé en 2 x 25 copies espacées par le pont où sera ensuite enchâssé le millésime. Ce galvanotype est ensuite copié en 6 galvanos de service qui seront assemblés comme souhaité et visés sur un support en bois pour réaliser la forme d’impression des feuilles de vente ou de roulette. Dans le cas des carnets, il existe, théoriquement, plusieurs possibilités :
1) On réalise un galvanotype spécifique des carnets avec 40 copies du poinçon original qui donnera ensuite 6 galvanos de service assemblés de telle sorte que l’on puisse obtenir une forme d’impression spécifique des carnets ou
2) On réalise une copie en plomb (ou en cire) du galvanotype de 2 x 50 des feuilles de vente que l’on retravaille de telle sorte que la troisième rangée de timbre soit éliminée par burinage (ou chauffage si copie en cire). Cette copie peut alors être passée en galvanoplastie pour reformer un galvanotype spécifique des carnets et être copié en 6 galvanos de service pour obtenir une forme d’impression spécifique des carnets ou
3) On fabrique 6 galvanos de service à partir du galvanotype des feuilles de vente sur lesquels on va découper la troisième rangée de timbre. On obtient ainsi 12 demi-galvanos de service que l’on fixera sur le support en bois de la forme d’impression de telle sorte que l’on puisse imprimer des feuilles de carnet.

Aujourd’hui il est difficile de trancher entre ces 3 hypothèses. La première peut entrainer une usure prématurée du poinçon original car il subit 50 copies pour les feuilles de vente et 40 pour celle des feuilles de carnet. De plus la réalisation d’un galvanotype est longue donc couteuse. La deuxième hypothèse est moins traumatisante pour le poinçon mais longue elle aussi car on réalise une galvanoplastie. Enfin la troisième est plus rapide donc plus rentable mais parait plus « artisanale » …

Un moyen d’essayer de répondre à cette interrogation est d’étudier les variétés de galvano que l’on peut identifier sur une feuille de timbre. Théoriquement, tous les timbres d’une feuille (carnet ou roulette ou de vente) sont parfaitement identiques en terme de graphisme au poinçon original. Intuitivement, on se doute qu’avec les moyens techniques des années 1907, les multiples copies du poinçon original n’étaient pas toutes « parfaites ». L’intuition n’étant pas une science exacte, il convient de la vérifier par des faits concrets.
Une analyse poussée (avec les outils numériques du XXIème siècle) d’une ou plusieurs feuilles montre qu’il existe parfois quelques infimes variations dans le produit de l’impression qu’est un timbre. Lorsque ces variations apparaissent de façon aléatoire sur une feuille, on parlera de variétés d’impression dues à un corps étranger qui s’est glissé entre feuille et forme ou à un mauvais réglage de la machine lors de la mise en train. En revanche, lorsque cette « erreur » (par rapport au poinçon original) se répète systématiquement au même endroit sur tous les galvanos de service de la forme d’impression (par exemple timbre 5 du galvano et donc timbre 5, 55 et 105 d’une feuille) sur toutes les feuilles, on parlera de variété de galvanotype. Enfin, si ce timbre 5 est modifié uniquement sur le 2eme galvano de la forme d’impression (position 55 de la feuille) mais sur plusieurs feuilles, on parlera de variété de galvano de service.

Jean Luc, dans son analyse approfondie des roulettes, avait identifié plusieurs variétés de galvano-type et de galvano de service tant sur la Semeuse 5 c verte que sur la Semeuse 10c rouge. Ce travail d’observation est d’autant plus difficile qu’il faut avoir de très bons scans de feuilles entières ou au moins de 50 timbres ce qui n’est pas simple à obtenir. Les blocs plus petits servent souvent à confirmer les trouvailles incertaines. Ce travail de fourmi (très) patiente a fait des émules tels que Patrick R. avec la Semeuse lignée 15 c ou Patrice avec la Semeuse lignée 10 c. De mon côté, j’avais complété le travail de Jean Luc sur la Semeuse 5 c en identifiant quelques variétés supplémentaires que j’avais publié dans mon précédent blog aujourd’hui disparu dans les méandres du net.
La première constatation faite par Jean Luc grâce aux variétés de galvanotypes des roulettes de la Semeuse 5 c verte c’est que l’on retrouvait exactement les même variétés de galvanotype sur les feuilles de vente. Cela prouvait donc que les galvanos de service des feuilles de roulette et de vente étaient tous des copies d’un même galvanotype. On s’en doutait « intuitivement » mais la preuve matérielle est très préférable à l’intuition pour réaliser une démonstration indiscutable. Pour faciliter le repérage des variétés, un quadrillage a été réalisé sur la Semeuse 5 c en se référant au coin supérieur gauche (Fig.2). 

Figure 2 : Quadrillage utilisé pour repérer les variétés de galvano sur la semeuse 5 c verte

J’ai fait ci-dessous une synthèse des différentes variétés de galvanotype pour la Semeuse 5 c connues à ce jour (Fig.3). J’ai suivi la logique « occidentale » pour la numérotation des timbres à savoir lecture de haut en bas et de gauche à droite. De ce fait, le timbre 1 est en haut à gauche du galvanotype, le timbre 5 juste avant le pont des millésimes, le timbre 6 juste après ce pont sur la première ligne, le timbre 10 en haut à droite, le timbre 11 au début de la deuxième ligne et ainsi de suite jusqu’au timbre 50 en bas à droite.

Figure 3 : Ensemble des variétés de galvanotype identifiées sur les feuilles de vente et de roulette de la Semeuse 5 c verte

                Ces feuilles de ventes et de roulettes furent commercialisées respectivement le 19 Mars 1907 et le 13 mars 1908. Toutefois, les premières semeuses 5 c vertes commercialisée le furent le 6 Mars 1907 sous la forme de carnet (le 5 Mars 1907 pour les parlementaires). Ces carnets de 40 Semeuses 5 c vertes (2 x 20) sont au type I comme les feuilles de vente et de roulette mais ils sont rares et il n’est donc pas simple de se les procurer de nos jours. De ce fait, il n’y a pas eu de recherche de variétés de galvanotype réalisée récemment sur ces carnets exception faite des travaux de Pierre de Lizeray (Cf ci-dessous)
Il faut savoir que lors de la fabrication de ces carnets, les feuilles imprimées de 240 timbres étaient massicotées verticalement pour donner 2 feuilles de 120 timbres (cf ci-dessus). Dans ces tas de feuilles de 120 timbres, on prenait 2 feuilles à suivre, on glissait une feuille hydrophobe translucide entre les 2 pour éviter que les timbres ne collent entre eux puis on plaçait le tout sur un papier cartonné où étaient imprimées les inscriptions des couvertures des carnets (Fig.4). Après agrafage, il y avait massicotage de l’ensemble horizontalement et on obtenait 6 carnets prêts à être plié en 2. En conséquence, un carnet contient 2 blocs de 20 timbres issus de 2 feuilles différentes mais imprimées avec la même zone du galvanotype et du même galvano de service sauf cas exceptionnel (jonction entre 2 tas de feuille massicotées.

Fig.4 : feuille cartonnée de couverture de carnet (manque partie basses)
(Illustration semeuse13)

Pierre de Lizeray avait étudié ces carnets afin d’identifier des spécificités graphiques permettant de les distinguer des timbres issus des feuilles de vente ou de roulette. Sa conclusion avait été que certains de ces timbres de carnet avaient une « tache parasite » dans la robe. Cette spécificité était présente sur les timbres 16 à 20, 26 à 30 et 36 à 40. Cela avait donné naissance au « type IB » spécifique des carnets mais il s’est avéré que cette spécificité se retrouvait aussi sur quelques timbres issus de feuilles de ventes (cf mon article du 8 Juin 2019). Toutefois cette découverte a un intérêt majeur : elle permet de différencier les carnets issus des parties hautes (carnets avec tache en cases 16 à 20) ou des parties basses (carnets avec taches en cases 26 à30 et 36 à 40) du galvanotype (Fig.5).

Figure 5 : Position des taches (T) identifiées par Pierre de Lizeray sur les carnets de la Semeuse 5 c verte

                Grace à ce travail de départ, il est donc possible de classer les carnets en 2 groupes : ceux du haut et ceux du bas de galvanotype et de chercher des variétés de case des galvanotypes. Partant de là, j’ai collecté des scans de bonne qualité de ces carnets de la Semeuse 5 c verte au type I auprès de plusieurs collectionneurs de Semeuses ou de carnets (L. Coutan, semeuse13, Patrick R., …), auprès de marchands (Cérès, la postale) ou auprès du musée de la poste, . Au final, j’ai obtenu le scan de :
- 15 carnets correspondants à des hauts de GT (dont 12 carnets haut de feuille)
- 10 carnets correspondants à des bas de GT
Ce n’est pas énorme statistiquement parlant mais très suffisant pour effectuer des recherches de variétés de cases de GT ou de GS. Dans la figure 6 ci-dessous sont indiquées toutes les variétés de galvanotype repérées.

Figure 6 : Variétés de galvanotype repérées sur les carnets de la Semeuse 5 c au type I

                Si l’on compare ces variétés de GT de carnets à celles des feuilles de vente ou de roulette, on constate qu’il n’y en a pas une en commun. En conséquence, on peut en déduire qu’il n’y a pas eu copie du GT des feuilles de vente ou roulette pour réaliser celui des feuilles de carnet (hypothèses 2 et 3 émises au début). On peut donc en conclure qu’il y a bien eu un galvanotype des feuilles de carnets spécifique et indépendant de celui des feuilles de vente. Pour la petite histoire, sachez qu’il y a aussi 17 variétés de galvano de service identifiées sur ces carnets. Il faut noter que les 12 carnets issus de haut de feuille ont tous les mêmes variétés de GS suggérant qu’il n’y a peut-être eu qu’une seule forme d’impression pour ces carnets. Étant donné que le tirage de ce carnet est inconnu, il est difficile de savoir si cette hypothèse est plausible ou pas …. dans l’immédiat.

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