Nicolas C. vient de me faire parvenir
147 nouveaux scans de millésimes des Semeuses 137 à 142. J’en profite donc pour
faire une synthèse de tous les résultats sur l’ensemble des 1275 millésimes
analysés.
Pour mémoire, ces mesures sont faites
en considérant qu’il y a une erreur de mesure de +/- 0,2 mm. On constate
rapidement que les Semeuses les plus étudiées historiquement (137, 138 et 140) sont
sur-représentées par rapport aux autres dans cette étude (Tableau 1).
Tableau 1 : nombre de millésimes
analysés par Semeuse
Leur analyse confirme les
informations obtenues précédemment. Tout d’abord les Semeuses 137 (5 c), 139
(20 c) et 142 (35 c) ne présentent pas de variétés dans la largeur de leur pont
qui mesure 12,20 mm à 12,30 mm soit la demi largeur d’un timbre (Tableau 2).
Cela sous-entend que les formes d’impression sont restées identiques du début à
la fin de leur fabrication sans aucune retouche des galvanos de service. Autant
pour les Semeuses 139 et 142 cela peut se comprendre car leur tirage fut
moindre mais pour la Semeuse 137 c’est surprenant vu le nombre de timbres
imprimés à cette faciale. Ceci est d’autant plus vrai quand l’on sait que les
deux autres Semeuses à fort tirage (138 et 140) ont vu leurs galvanos de
service retouchés à plusieurs reprises comme le montre par exemple la case 13
au type IA des carnets de la Semeuse 138 ainsi que les mesures de leurs ponts
(Cf ci-dessous).
Tableau 2 : Mesure des ponts
pour les millésimes des Semeuses 137, 139 et 142
Pour la Semeuse
141 (30 c) on constate dès 1907, l’année de son émission, l’existence de deux
largeurs de pont (Tableau 3). On peut donc en déduire qu’il existait dès le
départ deux formes d’impression. L’autre hypothèse, c’est que les imprimeurs aient
créé une forme ayant deux largeurs de ponts différentes … surprenant de la part
de techniciens aussi expérimentés. Seule l’analyse de feuilles entières de
cette Semeuse permettrait de trancher entre les deux hypothèses. Étant donné
que cette Semeuse fut imprimée de 1907 à 1920, cette dernière hypothèse est
très improbable. A l’inverse, on peut se demander comment cet écart s’est
conservé au cours des années ? La seule hypothèse qui vient à l’esprit c’est
que les formes d’impression ont été conservées tout au long de ces années ce
qui sous-entend qu’il y a eu de faibles tirages chaque année pour ne pas user
les galvanos de service ce qui provoquerait leur changement et donc une
modification dans les tailles des ponts.
Tableau 3 : Mesure des ponts
pour les millésimes de la Semeuse 141
En ce qui
concerne la Semeuse 140, on observe trois largeurs de ponts (Tableau 4). Au
début de son émission et pendant les 4 années qui suivent, les ponts font 12,00
mm en moyenne. À partir de 1911, on constate l’apparition de ponts de 12,60 mm
jusqu’en 1914. Un millésime a même été mesuré à 13,00 en 1911. En revanche les
petits ponts de 12,00 mm disparaissent pendant cette période. Ceci suggère que
les formes d’impressions ont été refaites entièrement sans doute en raison de l’usure
des galvanos de service. Étant donné que cette Semeuse a eu un très gros
tirage, il n’est pas surprenant que l’usure apparaisse assez « rapidement ».
En 1915, à nouveau après 4 ans d’impression,
les ponts reviennent à leur taille initiale de 12,00 mm. On peut donc supposer
que la durée de vie des galvanos de service était de 4 ans pour des tirages
aussi importants. Cette largeur de pont se maintiendra jusqu’en 1923 où on
cessa de l’imprimer en typographie à plat avec ce type IA. En revanche, le type
III imprimé à plat en 1923 et 1924 a une largeur de pont de 11,30 mm qui est la
plus faible connue. Cela confirme que ces variations apparaissent lors de la
création de nouvelles formes d’impression.
Tableau 4 : Mesure des ponts
pour les millésimes de la Semeuse 140
Enfin, la
Semeuse 138 est la plus complexe de toutes. En effet, on peut mesurer jusqu’à 3
largeurs de pont différentes la même année (tableau 5). Lors de son émission,
on retrouve, à l’image de la Semeuse 141, deux largeurs de pont (12,40 et 11,80
mm contre 12,30 et 11,70 mm pour la Semeuse 141). Cet écart de 0,6 mm et cette coexistence
se maintiendra quasiment tout au long de son impression jusqu’en 1921 à l’exception
des années 1913, 1914, 1915 et 1921. A l’image de la Semeuse 140, on voit
apparaitre une 3eme largeur de pont (13,00 mm) en 1911 jusqu’en 1915 mais en
faible quantité malgré les 324 millésimes analysés. Dans l’étude des millésimes
de cette Semeuse, on notera l’existence de 6 millésimes de 12,10 mm qui sont
juste à la jonction des ponts de 12,40 mm (12,60 à 12,20 mm) et des ponts de
11,80 mm (11,60 à 12,00 mm). Est-ce dû a des erreurs de mesure ou à l’existence
d’une quatrième largeur de pont ? Difficile de répondre en l’état même si
intuitivement je pencherai pour la première hypothèse.
Tableau 5 : Mesure des ponts
pour les millésimes de la Semeuse 138
Cette étude
sur les largeurs des ponts pourrait être continuée à « l’infini »
mais elle ne présente plus beaucoup d’intérêts pour les Semeuses 137, 138 et
140 vu le nombre de millésimes analysés. L’analyse des ponts sur des feuilles
entière pourrait peut-être apporter des informations complémentaires mais
encore faut-il en trouver un nombre suffisant ! En revanche, la poursuite
de l’étude pourrait se justifier pour les autres Semeuses (139, 141, 142) où l’échantillonnage
testé est beaucoup moins important. N’oublions pas qu’il faut encore regarder
du côté des Semeuses lignées … mais là il va être beaucoup plus difficile de
trouver de nombreux millésimes vu leur rareté.
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