Dernièrement,
j’ai soulevé le problème de la différenciation des types I et II de la Semeuse
147 (10c rouge avec surcharge 5c gravée sur le poinçon) sur le forum des
collectionneurs indépendants suscitant des réactions variées et « dynamiques ».
Cette volonté de distinguer les timbres issus de carnets ou de feuille de vente
est compréhensible coté philatéliste mais les graveurs et imprimeurs de l’époque
bossaient bien donc pas simple de détecter des différences significatives
issues du poinçon ou des galvanos !
Suivant les catalogues, ces deux types sont présents …
ou pas …. ce qui confirme le flou à propos de ces « deux types ».
D’après la littérature, on les distingue grâce à 3
critères (taille, couleur et filet blanc à droite du timbre).
Le type I est caractéristique des feuilles de vente. Il possède
une couleur plutôt rouge et un filet blanc très fin ou inexistant sur la partie
droite du timbre car le cadre extérieur rouge est très épais. Sa taille est de 18.7 mm
x 22.2 mm.
Le type II, caractéristique des carnets, est plutôt rouge orange
avec un filet blanc assez visible en raison du cadre extérieur rouge plus fin
(Fig.1). Sa taille est de 18.9 mm x 22.4 mm soit 0.2 mm de plus que
le type I.
Figure 1 : Les différences « officielles »
entre les 2 types de la Semeuse 147
En
pratique, les choses sont plus « floues » sur des timbres isolés. Les
écarts de tailles à 0.2 mm sont peu significatifs (Cf article sur la
largeur des ponts) suivant la pression exercée sur le papier lors de
l’impression, son taux d’humidité, sa durée de séchage après gommage…Même si
l’on mesure (ou calcule via Pythagore), les diagonales, cela conduit à un écart
d’environ 0.3 mm… mesurable mais peu réaliste de faire cela pour trier un vrac
de timbre
Les écarts de teinte sont faibles bien que notable mais
difficile de se baser sur ce critère.
L’épaisseur du filet blanc à droite
est un bon critère mais … pas toujours vrai ! On voit ci-dessous (fig2 et
3) une paire verticale de carnet (merci semeuse13) où ce critère est différent
d’un timbre à l’autre. Ce cas n’est pas un cas unique puisque d’autres paires
verticales portent ces mêmes différences.
Figure 2 : paire verticale de carnet de la Semeuse 147
Figure 3 : filets blancs des timbres de la figure 2
En conclusion, on peut dire que sur ces trois
critères, seul celui du filet blanc est fiable mais il n’est pas suffisant pour
différencier avec certitude tous les timbres de carnet dans un lot de timbres
isolés de la Semeuse 147. En effet certains ne possèdent pas ce filet blanc
plus épais et les raisons peuvent en être multiples (fluidité de l’encre
variable, pression d’impression variable, reste d’encre sèche dans creux du
filet blanc droit, copie du GT imparfaite…). Sur les scans de feuilles de vente
que j’ai observés, je n’ai pas vu de filet blanc plus épais donc ce critère
du filet blanc est un bon outil de distinction entre timbres de feuilles de
vente et de carnet même s’il n’est pas exhaustif. On pourrait « s’amuser »
à rechercher des variétés de cases sur les feuilles de vente et de carnet mais
cela prendrait beaucoup de temps avec peu de scans disponibles et n’apporterait
rien de plus que la présence du filet blanc pour différencier les types I et II
dans un vrac de timbre.
Pour avoir la certitude qu’un timbre provient d’un
carnet, il n’y a qu’un cas de figure théoriquement possible : posséder une
paire verticale avec les deux bandes blanches dessus et dessous. A l’inverse,
une bande verticale de 3 timbres ou un millésime accolé à un timbre certifie qu’ils
proviennent d’une feuille de vente. Toutefois, il y a un autre élément qui
permet de trancher avec certitude : la taille des ponts. En effet, grâce
aux scans fournis par semeuse13, on peut constater que le pont des carnets mesure
environ 11,30 mm (valeur très basse par rapport à celles obtenues sur les
Semeuse 137 à 142) alors que celui des feuilles de ventes fait 11,90 mm si l’on
fait la mesure au niveau médian du timbre (Fig.4). Ces mesures ont été faites
au niveau des timbres en position 15 et 16 pour le carnet et en position 115-116
pour la feuille de vente donc à des positions équivalentes sur le galvano-type.
J’apporterai juste un bémol sur la taille du pont de carnet car le scan n’a pas
été réalisé sur du papier bien à plat (impossible avec agrafe du carnet) donc
on peut supposer que la valeur de 11,30 mm est légèrement sous-estimée mais pas
assez pour atteindre 11.90 mm. Toutefois si quelqu’un possède une feuille de
carnet bien plate ou un pont de carnet isolé, je suis preneur d’un scan pour
vérifier cela.
Figure 4 : comparaison des ponts de carnet et de
feuille de vente
Vous me direz, avec raison, que la probabilité d’avoir
2 semeuses 147 reliées par un pont est quasi nulle sur des timbres en vrac mais
cela apporte une information importante coté technique d’impression des
timbres. En effet, entre les philatélistes toujours à la recherche
de « la petite bête » et les spécialistes de l’impression, la « bataille »
est parfois acharnée pour conclure sur l’existence de plusieurs « types ».
Une des théories possibles est que le galvano-type des feuilles de vente a été
copié puis la troisième rangée a été supprimée pour donner un galvano-type de
feuille de carnet. L’avantage de cela c’est le gain de temps par rapport à la
création d’un nouveau galvano-type. Dans ce cas, on retrouverait les mêmes
largeurs de pont et les mêmes variétés de cases au même endroit. Cette
différence entre les tailles des ponts de feuille de vente et de carnet prouve
qu’il existait bien deux galvanos-types différents et indépendants l’un
de l’autre donc il y a bien un type I et un type II. Le filet blanc un peu plus
visible sur le type II est sans doute le fruit d’une légère retouche à la main
pour corriger sa faible lisibilité sur les feuilles de vente. Qui dit retouche
manuelle dit impossibilité de faire exactement la même chose sur chaque timbre
d’où les variations observées sur les paires verticales. Pour confirmer cela, j’ai
commencé à regarder les variations que l’on trouve classiquement au niveau des
signatures de chaque timbre et on voit bien que sur les timbres 1 à 5 du carnet
et les timbres 101 à 105 de la feuille de vente, les signatures sont bien
différentes confirmant ainsi l’existence de deux galvanos différents (Fig.5).
Figure 5 : Signature des timbres 1 à 5 sur
les feuilles de vente (gauche) et de carnet (droite)
Dans cette démonstration de l’existence de
deux galvanos types indépendants, une seule chose me « chiffonne » …
c’est l’inclinaison (anormale) sur la droite des timbres de la moitié droite du
galvano. Elle est identique sur le scan des feuilles de vente et sur celle du
carnet …
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