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mercredi 21 août 2019

La Semeuse 147 et ses deux types ...


        Dernièrement, j’ai soulevé le problème de la différenciation des types I et II de la Semeuse 147 (10c rouge avec surcharge 5c gravée sur le poinçon) sur le forum des collectionneurs indépendants suscitant des réactions variées et « dynamiques ». Cette volonté de distinguer les timbres issus de carnets ou de feuille de vente est compréhensible coté philatéliste mais les graveurs et imprimeurs de l’époque bossaient bien donc pas simple de détecter des différences significatives issues du poinçon ou des galvanos !
Suivant les catalogues, ces deux types sont présents … ou pas …. ce qui confirme le flou à propos de ces « deux types ».
D’après la littérature, on les distingue grâce à 3 critères (taille, couleur et filet blanc à droite du timbre).
Le type I est caractéristique des feuilles de vente. Il possède une couleur plutôt rouge et un filet blanc très fin ou inexistant sur la partie droite du timbre car le cadre extérieur rouge est très épais. Sa taille est de 18.7 mm x 22.2 mm.
Le type II, caractéristique des carnets, est plutôt rouge orange avec un filet blanc assez visible en raison du cadre extérieur rouge plus fin (Fig.1). Sa taille est de 18.9 mm x 22.4 mm soit 0.2 mm de plus que le type I.


Figure 1 : Les différences « officielles » entre les 2 types de la Semeuse 147

        En pratique, les choses sont plus « floues » sur des timbres isolés. Les écarts de tailles à 0.2 mm sont peu significatifs (Cf article sur la largeur des ponts) suivant la pression exercée sur le papier lors de l’impression, son taux d’humidité, sa durée de séchage après gommage…Même si l’on mesure (ou calcule via Pythagore), les diagonales, cela conduit à un écart d’environ 0.3 mm… mesurable mais peu réaliste de faire cela pour trier un vrac de timbre
Les écarts de teinte sont faibles bien que notable mais difficile de se baser sur ce critère.
L’épaisseur du filet blanc à droite est un bon critère mais … pas toujours vrai ! On voit ci-dessous (fig2 et 3) une paire verticale de carnet (merci semeuse13) où ce critère est différent d’un timbre à l’autre. Ce cas n’est pas un cas unique puisque d’autres paires verticales portent ces mêmes différences.




Figure 2 : paire verticale de carnet de la Semeuse 147




Figure 3 : filets blancs des timbres de la figure 2

En conclusion, on peut dire que sur ces trois critères, seul celui du filet blanc est fiable mais il n’est pas suffisant pour différencier avec certitude tous les timbres de carnet dans un lot de timbres isolés de la Semeuse 147. En effet certains ne possèdent pas ce filet blanc plus épais et les raisons peuvent en être multiples (fluidité de l’encre variable, pression d’impression variable, reste d’encre sèche dans creux du filet blanc droit, copie du GT imparfaite…). Sur les scans de feuilles de vente que j’ai observés, je n’ai pas vu de filet blanc plus épais donc ce critère du filet blanc est un bon outil de distinction entre timbres de feuilles de vente et de carnet même s’il n’est pas exhaustif. On pourrait « s’amuser » à rechercher des variétés de cases sur les feuilles de vente et de carnet mais cela prendrait beaucoup de temps avec peu de scans disponibles et n’apporterait rien de plus que la présence du filet blanc pour différencier les types I et II dans un vrac de timbre.
Pour avoir la certitude qu’un timbre provient d’un carnet, il n’y a qu’un cas de figure théoriquement possible : posséder une paire verticale avec les deux bandes blanches dessus et dessous. A l’inverse, une bande verticale de 3 timbres ou un millésime accolé à un timbre certifie qu’ils proviennent d’une feuille de vente. Toutefois, il y a un autre élément qui permet de trancher avec certitude : la taille des ponts. En effet, grâce aux scans fournis par semeuse13, on peut constater que le pont des carnets mesure environ 11,30 mm (valeur très basse par rapport à celles obtenues sur les Semeuse 137 à 142) alors que celui des feuilles de ventes fait 11,90 mm si l’on fait la mesure au niveau médian du timbre (Fig.4). Ces mesures ont été faites au niveau des timbres en position 15 et 16 pour le carnet et en position 115-116 pour la feuille de vente donc à des positions équivalentes sur le galvano-type. J’apporterai juste un bémol sur la taille du pont de carnet car le scan n’a pas été réalisé sur du papier bien à plat (impossible avec agrafe du carnet) donc on peut supposer que la valeur de 11,30 mm est légèrement sous-estimée mais pas assez pour atteindre 11.90 mm. Toutefois si quelqu’un possède une feuille de carnet bien plate ou un pont de carnet isolé, je suis preneur d’un scan pour vérifier cela.




Figure 4 : comparaison des ponts de carnet et de feuille de vente


Vous me direz, avec raison, que la probabilité d’avoir 2 semeuses 147 reliées par un pont est quasi nulle sur des timbres en vrac mais cela apporte une information importante coté technique d’impression des timbres. En effet, entre les philatélistes toujours à la recherche de « la petite bête » et les spécialistes de l’impression, la « bataille » est parfois acharnée pour conclure sur l’existence de plusieurs « types ». Une des théories possibles est que le galvano-type des feuilles de vente a été copié puis la troisième rangée a été supprimée pour donner un galvano-type de feuille de carnet. L’avantage de cela c’est le gain de temps par rapport à la création d’un nouveau galvano-type. Dans ce cas, on retrouverait les mêmes largeurs de pont et les mêmes variétés de cases au même endroit. Cette différence entre les tailles des ponts de feuille de vente et de carnet prouve qu’il existait bien deux galvanos-types différents et indépendants l’un de l’autre donc il y a bien un type I et un type II. Le filet blanc un peu plus visible sur le type II est sans doute le fruit d’une légère retouche à la main pour corriger sa faible lisibilité sur les feuilles de vente. Qui dit retouche manuelle dit impossibilité de faire exactement la même chose sur chaque timbre d’où les variations observées sur les paires verticales. Pour confirmer cela, j’ai commencé à regarder les variations que l’on trouve classiquement au niveau des signatures de chaque timbre et on voit bien que sur les timbres 1 à 5 du carnet et les timbres 101 à 105 de la feuille de vente, les signatures sont bien différentes confirmant ainsi l’existence de deux galvanos différents (Fig.5).




Figure 5 : Signature des timbres 1 à 5 sur
les feuilles de vente (gauche) et de carnet (droite)


Dans cette démonstration de l’existence de deux galvanos types indépendants, une seule chose me « chiffonne » … c’est l’inclinaison (anormale) sur la droite des timbres de la moitié droite du galvano. Elle est identique sur le scan des feuilles de vente et sur celle du carnet …

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