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mercredi 22 novembre 2023

La position des manchettes GC (1916)

De 1916 à 1920, l’impression des timbres s’est faite majoritairement sur du papier de mauvaise qualité en raison des restrictions économiques liées à la guerre. Ce papier dit de « Grande Consommation » était produit à partir de bois brut avec son écorce d’où une coloration beige à chamois très foncé suivant la teneur en tanins. Les feuilles de vente de 150 timbres imprimées sur ce type de papier portaient les lettres « GC » en haut et en bas de chaque feuille afin que les postiers en prennent soin car il se déchirait (trop) facilement (Fig 1).

Fig 1 : Schéma d’une forme d’impression composée de 6 galvanos de service. Après l’impression, les feuilles de 300 timbres sont coupées en 2 (trait rouge vertical) pour donner des feuilles de vente de 150 timbres. Chaque feuille de vente est l’image de la moitié de la forme d’impression (demi forme gauche et droite). Les lettres GC sont positionnées au-dessus du timbre 5 et en dessous du timbre 145 de chaque feuille de vente.

L’impression des lettres « GC » se faisait de la même couleur que le timbre. On peut donc en déduire qu’elles étaient fixées sur formes d’impression de 300 timbres (4 couple de lettres par forme). Ces lettres étaient positionnées en dehors des galvanos de service sur la forme d’impression (ou cliché). On peut donc penser que ces lettres étaient soit :

1)      Gravées sur une fine plaque de laiton ou de cuivre puis le tout était fixé sur la forme d’impression

2)   La forme était perforée sur son épaisseur et des caractères d’imprimerie était glissés dedans à l’image des millésimes puis fixés à la forme.

La première hypothèse sous-entend que la surépaisseur due à la plaque de cuivre avec relief des lettres aurait généré des traces autour des lettres GC lors d’encrage trop fluides à l’image des têtes de vis de fixation des galvanos (Fig.2). Cela a été plus ou moins observé une fois sur un bas de feuille ayant subi un gros défaut d’impression (Fig.3). Il semble quasi impossible de trancher objectivement entre les 2 hypothèses même si ma préférence va sur la perforation de la forme et l’insertion de caractères d’imprimerie. Cette technique était déjà utilisée en routine pour les millésimes et les indications des jours d’impression, des numéros de presse ou des indicatifs de chef de machine en bas de feuille. Elle reste donc pour moi la plus probable.

Fig.2 : empreinte encrée de la vis de fixation présente sur la forme d’impression

Image empruntée sur le site de « semeuse13 »

 

Fig. 3 : Bas de feuille avec manchette GC où l’on observe un gros défaut d’impression en bas de feuille et une trace verticale d’encre qui pourrait suggérer la présence du bord vertical d’une plaque (Image « semeuse13 »)

 

Quelle que soit la technique utilisée, le positionnement de ces lettres ne peut pas être parfaitement identique d’une forme à l’autre à l’image des différences de positionnement et d’inclinaisons observées avec les millésimes dans une feuille de vente (ou de roulette). De plus sur une même forme, les 2 emplacements du haut (et du bas) ne doivent pas être positionnés exactement au même endroit. Sur ce dernier point, on ne peut qu’émettre l’hypothèse puisque toutes les feuilles de 300 timbres étaient recoupées en 2 feuilles de vente de 150 et il est donc impossible de prouver quoi que ce soit de nos jours. En revanche, pour les feuilles de ventes de 150 timbres, il existe encore de nombreux millésimes haut de feuille avec les « manchettes GC » (Fig.4). En conséquence, on peut mesurer le positionnement de ces lettres par rapport à un point fixe du timbre situé en dessous et en déduire le nombre minimal de forme d’impression existant à cette époque pour la Semeuse 5 centimes verte.

 

Fig.4 : Millésime 7 de la Semeuse 5 centimes verte avec manchette GC en haut de feuille

 

     I.          Le matériel et la méthode

 

1)        Le matériel

 Pour réaliser cette étude, je suis parti de 160 scans de millésimes de la Semeuse 5 centimes verte avec manchette GC au-dessus fournis par différents « semeusophiles » que je remercie pour leur collaboration (semeuse13, jacques G., josé B., nicolas C., thierry B….), ceux provenant de ma propre collection et les images trouvées sur les sites de vente. Les images idéales contiennent la manchette GC mais aussi le millésime afin de dater l’année d’impression et donc de déterminer la période d’utilisation des demi-forme d’impression identifiées. Toutefois, les manchettes GC sans millésimes ont leur utilité pour confirmer ou infirmer certaines hypothèses de travail. Concernant les inscriptions GC en bas de feuille, je n’ai pas réussi à obtenir, encore, un nombre suffisant de scans pour les étudier de façon fiable. Enfin les images avec une définition trop faible ont été écartées pour éviter les mesures trop approximatives.

Ces 159 millésimes se décomposent comme indiqué ci-après :

-       28 pour 1916,

-       61 pour 1917,

-       33 pour 1918,

-       35 pour 1919,

-       3 pour 1920.

Avec ces chiffres, on retrouve bien la rareté des GC de 1920 connue de tous suggérant que l’échantillonnage est représentatif de la réalité. 

 

2)      La méthode

L’analyse est basée sur des mesures réalisées à partir de 2 points fixes du 5ème timbre des feuilles de vente. Il s’agit du « I » de république et du filet supérieur du timbre. A partir de là, le positionnement horizontal (C et G) et vertical des lettres (H) a été mesuré ainsi que la largeur globale de cette inscription (L), la largeur de chaque lettre et l’espace entre les lettres (E) (Fig.5).

Fig.5 : représentation schématique des mesures effectuées sur les manchettes GC

 

Chaque mesure a été réalisée 3 fois pour minimiser les erreurs. Pour le cas où les scans étaient de tailles variables, un coefficient a été appliquée en fonction des mesures de largeur (toujours au niveau de république française) et de longueur du timbre (toujours sous le « i » de république) sur le scan pour retrouver la valeur standard mesurée sur une épreuve d’artiste et sur une impression sur bristol à savoir 18,4 mm x 22,5 mm d’un filet à l’autre. L’outil de mesure utilisé permet d’avoir une précision de l’ordre de 0.1 mm. Pour vérifier ce niveau de précision, la largeur des lettres G et C et l’espace entre ces lettres (E) a été mesuré et déduit de la mesure globale entre le début du G et la fin du C (L). Les résultats montrent une valeur moyenne de -0.02 mm et un écart type de 0.07 mm. J’ai donc considéré que l’erreur de mesure était de 0.2 mm pour avoir une marge de sécurité.

 

     I.     Les résultats bruts cumulés de 1916 à 1920

 

1) L’absence de variabilité des lettres C et G.

Sur l’ensemble des mesures réalisées, l’écart type des largeurs des lettres C et G est respectivement de 0.14 mm et 0.20 mm donc non significatif. Concernant la hauteur des lettres C et G on a respectivement 0.29 mm et 0.33 mm d’écart type ce qui pourrait indiquer une variabilité réelle mais en fait 29 % des manchettes analysées (47/160) avaient les lettres usées sur la partie haute d’où l’apparition de cette variabilité.

2) La longueur de la manchette GC

            L’écart type sur la longueur des manchettes GC est de 0.51 mm avec des extrêmes qui vont de 18.80 mm à 21.93 mm. Il existe donc une réelle variabilité qui n’est pas corrélée à la variabilité de la largeur des lettres (Cf. ci-dessus) mais à celle de l’espace entre les lettres C et G (écart type de 0.44 mm et 2.01 mm / 3.95 mm pour valeurs minimales et maximales). Ce dernier point penche en faveur de 2 caractères d’imprimerie placés côte à côte avec un resserrement plus ou moins important entre eux. Ce critère peut donc être un candidat secondaire pour différencier les formes d’impressions utilisés.

            3) La position de la manchette GC par rapport au filet horizontal du timbre

            La distance qui sépare le bord supérieur du filet du timbre de la base des lettres C et G présente un écart type de 1.20 mm avec des extrêmes à 8.02 mm et 13.90 mm. Ce critère est donc majeur mais il faut noter que seules 8 manchettes sur 160 ont une hauteur comprise entre 8.02 mm et 10.07 mm uniquement en 1919 et 1920. Si on retire ces 8 valeurs l’écart type tombe à 0.62 mm donc à un niveau proche de celui de la longueur des manchettes GC. Il est donc significatif mais guère plus que le précédent sauf pour les formes de 1919 et 1920.

            4) La position de la manchette GC par rapport au « i » de république

            La distance qui sépare l’axe du « i » de république avec le début de la lettre G et de la lettre C est la valeur qui fluctue le plus et va donc être la plus discriminante. En effet, le début de la lettre G est positionné de 4.64 mm avant et à 3.04 mm après cet axe avec un écart type de 1.51 mm. Il en est de même pour la lettre C (entre 6.46 mm et 14.30 mm et un écart type de 1.41 mm). Que ce soit le C ou le G, son déplacement latéral varie de 7.68 à 7.84 mm par rapport à cet axe du « i ».

            Les clés de discriminations sont donc par ordre d’importance :

1)      la position des lettres G et C par rapport à cet axe,

2)      la position de la manchette GC par rapport au filet supérieur du timbre,

3)      la longueur de la manchette GC.

 

 II.            L’exploitation année par année

En utilisant les critères indiqués ci-dessus, il a été possible de classé tous les millésimes analysés en groupes plus ou moins importants.

 

1)      L’année 1916

C’est cette année-là qu’ont été apposées les premières lettres G et C sur les formes d’impression. Les résultats des mesures sont donnés dans le tableau 1 ci-dessous.

Tableau 1 : Mesures obtenues sur 28 millésimes de 1916 avec manchettes GC. En fonction du positionnement des lettres GC, ils ont été regroupés en 4 groupes homogènes.

             La position des lettres G et C par rapport à l’axe du « i » de République permet de distinguer 4 groupes distincts. Il existait donc au moins 4 demi formes d’impression en 1916 que l’on peut « baptiser » suivant le positionnement moyen des lettres G et C :

-          Demi forme grise :     -3.23 / 8.91

-          Demi forme bleu :      -2.46 / 9.52

-          Demi forme beige :    -1.57 / 10.43

-          Demi forme verte :     -0.69 / 11.15

 

On peut en déduire qu’en 1916, il existait deux formes d’impression pour imprimer la Semeuse 5 centimes verte.

Il est intéressant de noter que sur les 28 millésimes analysés, seuls 4 avaient des lettres GC plus ou moins usées sur la partie haute (Fig. 6).

Fig.6 : Les lettres GC sont en partie usées sur leur partie haute sur 4 des 28 millésimes analysés.

La manchette GC du haut est la référence intacte.

 

On en retrouve 2 sur la demi forme grise et 2 sur la demi forme bleue suggérant que ce sont les plus utilisées en 1916 et peut être la paire qui constituait une forme d’impression. On verra dans le prochain article que l’année suivante cette proportion est beaucoup plus importante. On pourra aussi observer le devenir de chaque demi forme au cours des années suivantes ... affaire à suivre ….

Dans l’immédiat je tiens à remercier tous ceux qui m'ont fait parvenir des scans indispensables pour cette étude notamment "semeuse13", "jojo" et plusieurs membres du Cercle des Amis de Marianne.

 


 

 

 


jeudi 15 juillet 2021

Les Semeuses imprimées sur bristol

 

Des tirages spéciaux de timbres avec une impression particulièrement soignée furent réalisés à plusieurs reprises pour compléter des archives, offrir à des hauts dignitaires ou à l’occasion de grandes manifestations internationales.

On peut les classer en 4 grandes catégories :

-      Le tirage de l’exposition universelle de 1867

-      Les émissions des Régents de 1877

-      Les réimpressions Granet de 1887

-      Les épreuves de luxe sur papier bristol à partir de 1889

 Dans cet article je ne parlerai que des impressions sur bristol réalisées à partir de 1889. Pour les impressions antérieures, on peut se référer aux articles de Mr Brun et Mr Chandanson sur leur blog (https://www.philatelie.expert/).

 

1) L’exposition universelle de 1889 à Paris

A l’image de l’exposition universelle de 1867, une impression sur papier bristol blanc glacé a été réalisée par l’atelier de la fabrication des timbres-poste en 1889 pour les timbres de type courant de l’époque pour la France et les colonies (Fig.1).

 


Figure 1 : Épreuve de luxe imprimée pour l’exposition universelle de 1889. 
© Coll. Musée de La Poste, Paris / La Poste

 

2) L’exposition universelle de 1900 à Paris

À nouveau en 1900, une impression sur grandes feuilles bristol a été réalisée par l’atelier de la fabrication des timbres-poste. Elle regroupe les timbres émis depuis 1876 pour la France (type Sage) et les colonies en incluant les entiers postaux et les timbres taxes Duval. Cette fois les timbres sont imprimés par bloc de 25 à l’image des réimpressions des régents ou Granet (Fig.2). Il existerait ainsi 66 feuilles distinctes. On notera que :

- la dentelure est figurée par une impression en sépia sauf pour les timbres des colonies (Fig.3)

- le millésime de l’année d’émission de chaque timbre est imprimée sous chaque bloc de 25

- les timbres sage sont de type N sous U ou N sous B suivant les faciales (Fig.4)

 


Figure 2 : Épreuve de luxe imprimée pour l’exposition universelle de 1900.Cette image du musée de la poste à Paris est une reproduction présente dans le spécialisé des timbres de France d’Yvert et Tellier (2000) p 285.

 


Figure 3 : Fragments des Épreuves de luxe imprimées pour l’exposition universelle de 1900 avec ou sans dentelure imprimée.

   


Figure 4 : Fragments des Épreuves de luxe imprimées pour l’exposition universelle de 1900 avec millésime et types N sous U ou N sous B.

 

 

3) L’exposition universelle de 1910 à Bruxelles

Comme en 1900, une impression sur grandes feuilles bristol a été réalisée par l’atelier de la fabrication des timbres-poste. Elle regroupe les timbres émis depuis 1900 pour la France (type Blanc, Mouchon, Merson et Semeuse). Là encore, les timbres sont imprimés par bloc de 25 avec millésime d’émission en dessous. Il existe peu de documentation à ce sujet mais de récentes ventes sur offres (Roumet n°556) permettent d’en avoir un aperçu (Fig.7 à 9).

          Les tirages du type Blanc concernent les faciales suivantes :

- 1 c gris (107 type I)

- 2 c violet rose (108 type I)

- 3 c rouge vermillon (109 type I)

- 4 c brun havane (110 type I)

- 5 c vert (111 type I)

Toutes ces impressions seraient avec dentelure figurée par impression d’une couleur sépia mais je n’ai pas trouvé d’illustrations permettant de le confirmer.

          Les tirages du type Merson concernent les faciales suivantes :

- 40 c rouge et bleu (119)

- 50 c brun et gris (120)

- 1 fr lie de vin et olive (121)

- 2 fr violet et jaune (122)

- 5 fr bleu et chamois (123)

Là encore toutes ces impressions seraient avec dentelure figurée mais je n’ai pas trouvé d’illustrations permettant de le confirmer.

 Les tirages du type Mouchon concernent les faciales suivantes :

- 10 c rose (124)

- 15 c vermillon (125)

- 15 c orange vermillon surcharge FM (FM 1 et FM 2)

- 20 c brun lilas (126)

- 25 c bleu (127)

- 30 c violet (128)

Ces impressions sont elles aussi avec dentelure figurée (Fig.7).

   





Figure 5 : Fragments des Épreuves de luxe imprimées pour l’exposition universelle de 1910 avec le type Mouchon. Les faciales 10 c, 15 c et 25 c sont au type II et au type I pour les faciales 20 c et 30 c.

 

Les tirages du type Semeuse concernent plus ma thématique de prédilection. Grace à l’aimable collaboration du personnel du musée de la poste, j’ai pu obtenir des images de ces tirages sur papier bristol avec dentelure figurée (Figures 6 à 9).

 

Figure 6 : Épreuve de luxe imprimée pour l’exposition universelle de 1910 avec les Semeuses lignées. Les faciales 10 c (+/- surcharge FM) au type III, 15 c (+/- surcharge FM) au type IV, 20 c, 25 c, 30 c y sont imprimées par blocs de 25 timbres. 
© Coll. Musée de La Poste, Paris / La Poste / © Dessinateur Louis Oscar Roty, ADAGP, Paris 2021 / © Graveur Louis Eugène Mouchon 
 


Figure 7 : Épreuve de luxe imprimée pour l’exposition universelle de 1910 avec la Semeuse avec sol (10c), les Semeuses maigres (10 c / 35 c) et la Semeuse camée (10 c). 
© Coll. Musée de La Poste, Paris / La Poste / © Dessinateur Louis Oscar Roty, ADAGP, Paris 2021 / © Graveur Louis Eugène Mouchon

 

En voyant cette deuxième image, une question vient à l’esprit immédiatement : pourquoi les semeuses maigres sans sol ont elles été imprimées en double ?

Au niveau esthétique et chronologique, on aurait pu imaginer que le bloc de 25 Semeuses avec sol (type I) soit imprimé seul en haut puis les deux blocs de Semeuses maigres en dessous et enfin le bloc de Semeuse camée en bas. Cette double impression des Semeuses maigres peut être :

i) un choix « artistique » mais aussi

ii) refléter l’existence des types I et IIA pour ces galvanos de 25 timbres de la faciale à 10 c (le type III est celui des carnets donc galvano différent) et les types I et II pour la faciale à 35 c. La définition de l’image ne permet pas de trancher entre ces deux hypothèses.

La littérature indique que seuls le type I de la faciale à 10 c et le type II de la faciale à 35 c ont été imprimés sur bristol. Pourquoi cette différence alors que les types I de ces 2 faciales n’ont servi que très peu de temps (quelques heures d’impression) en raison du manque de contraste à l’impression et ont été retouchés de suite par Mouchon pour donner les types II qui seront utilisés exclusivement par la suite pour les feuilles de vente ? La différence majeure entre ces 2 types se situe au niveau du contour « postérieur » de la robe qui est plus accentué sur le type II que sur le type I. La figure 8 montre l’impression du timbre en position 25 pour chacun de ces 4 blocs. On constate, malgré la définition modeste, que les 2 blocs du bas sont au type II (contraste marqué de la robe et du talon) alors que les 2 blocs du haut sont au type I. Cette observation est tout aussi valable avec les impressions en position 1 à 24.

Cette disposition des blocs de 25 sur la feuille de la figure 7 est donc logique car cela correspond à la chronologie d’impression de ces timbres (type I puis type II). Dans la littérature il est indiqué que les Semeuses 134 et 135 (10 c maigre avec et sans sol) existeraient sur papier bristol mais sans la dentelure figurée. Si tel est le cas, les autres Semeuses de cette feuille doivent aussi exister sans dentelure figurée car l’impression de la dentelure a été réalisée par impression à plat en sépia donc toute la feuille la possède (ou pas). Si quelqu’un en possède une image, je suis preneur. L'autre point notable concerne la Semeuse 134 qui est décrite sous 2 types dont la différence entre les 2 laisse à penser qu'il s'agit plus d'une variété d'impression que de l'existence réelle de 2 galvanos différents. Si on garde la même logique que pour les 135 et 136 où les 2 types sont imprimés, cela confirmerait que les types I et II de la Semeuse 134 n'en font qu'un.

 

Figure 8 : Comparaison des timbres imprimés en position 25 pour les 2 blocs du haut de la feuille de la figure 7 (au type I) et ceux du bas de la même feuille (type II). 
© Coll. Musée de La Poste, Paris / La Poste / © Dessinateur Louis Oscar Roty, ADAGP, Paris 2021 / © Graveur Louis Eugène Mouchon

 

            La troisième feuille montrée en figure 9 regroupe les Semeuses camées imprimées jusqu’en 1907. Sur cette feuille les types ne posent pas de problèmes car un seul type de chacune d’entre elle existait lors de l’impression de ces feuilles sur bristol. La seule question vient du fait que la Semeuse 5 c verte est disposée en dernière position bien qu’émise avant les autres … je n’ai pas d’explication à cela à moins que l’ordre d’émission soit très différent de l’ordre d’impression à l’atelier ? Toutefois "semeuse13" qui répertorie les dates d'impression de nos chères Semeuses confirme que la Semeuse 10 c rouge (138) a des dates d'impressions plus anciennes que celles de la Semeuse 5 c (137) donc cette hypothèse est peut à être à retenir. Dans ce cas le dernière imprimée serait la première émise ...

Figure 9 : Épreuve de luxe imprimée pour l’exposition universelle de 1910 avec les Semeuses camées +/- surcharge FM. La Semeuse camée 10 c rouge n’y est pas car déjà imprimée sur la feuille précédente. 

© Coll. Musée de La Poste, Paris / La Poste / © Dessinateur Louis Oscar Roty, ADAGP, Paris 2021 / © Graveur Louis Eugène Mouchon

 

          En dehors de l’aspect rare de ces épreuves de luxe, le fait le plus marquant est leur qualité d’impression. En effet, si l’on compare une Semeuse imprimée sur une feuille de vente et celle de l’épreuve de luxe, on ne peut pas se tromper tant la finesse des épreuves de luxe est excellente (Fig.10). 

 

 


Figure 10 : Semeuse 5 c vert imprimée sur une feuille de vente (à gauche) et sur une épreuve de luxe sur bristol (droite).

 

         Si certains d’entre vous ont de plus amples informations ou illustrations sur ces impressions sur bristol, n’hésitez pas à me les faire parvenir pour mettre à jour cet article.

 

 

4)   Bibliographie 

R. Joany, Les timbres-poste au type Sage, tome 1, brochure MdP n° 47 (1962), p 33-36

Yvert et Tellier, les timbres de France, le spécialisé volume 1 (2000), p 280-285

A. Maury, Histoire des timbres postes français, édition du centenaire, (1949) p 302-305

Timbre magazine, Octobre 2003, p 37 - 40

Timbre magazine, Juin 2005, p 40 – 44

Catalogue des timbres de France, 2020-2021, SPINK / MAURY

Illustration musée de la poste