Des tirages spéciaux de timbres avec une impression particulièrement soignée furent réalisés à plusieurs reprises pour compléter des archives, offrir à des hauts dignitaires ou à l’occasion de grandes manifestations internationales.
On peut les classer en 4 grandes catégories :
- Le tirage de l’exposition universelle de 1867
- Les émissions des Régents de 1877
- Les réimpressions Granet de 1887
- Les épreuves de luxe sur papier bristol à partir de 1889
Dans cet article je ne parlerai que des impressions sur bristol réalisées à partir de 1889. Pour les impressions antérieures, on peut se référer aux articles de Mr Brun et Mr Chandanson sur leur blog (https://www.philatelie.expert/).
1) L’exposition universelle de 1889 à Paris
A l’image de l’exposition universelle de 1867, une impression sur papier bristol blanc glacé a été réalisée par l’atelier de la fabrication des timbres-poste en 1889 pour les timbres de type courant de l’époque pour la France et les colonies (Fig.1).
2) L’exposition universelle de 1900 à Paris
À nouveau en 1900, une impression sur grandes feuilles bristol a été réalisée par l’atelier de la fabrication des timbres-poste. Elle regroupe les timbres émis depuis 1876 pour la France (type Sage) et les colonies en incluant les entiers postaux et les timbres taxes Duval. Cette fois les timbres sont imprimés par bloc de 25 à l’image des réimpressions des régents ou Granet (Fig.2). Il existerait ainsi 66 feuilles distinctes. On notera que :
- la dentelure est figurée par une impression en sépia sauf pour les timbres des colonies (Fig.3)
- le millésime de l’année d’émission de chaque timbre est imprimée sous chaque bloc de 25
- les timbres sage sont de type N sous U ou N sous B suivant les faciales (Fig.4)
Figure 3 : Fragments des Épreuves de luxe imprimées pour l’exposition universelle de 1900 avec ou sans dentelure imprimée.
Figure 4 : Fragments des Épreuves de luxe imprimées pour l’exposition universelle de 1900 avec millésime et types N sous U ou N sous B.
3) L’exposition universelle de 1910 à Bruxelles
Comme en 1900, une impression sur grandes feuilles bristol a été réalisée par l’atelier de la fabrication des timbres-poste. Elle regroupe les timbres émis depuis 1900 pour la France (type Blanc, Mouchon, Merson et Semeuse). Là encore, les timbres sont imprimés par bloc de 25 avec millésime d’émission en dessous. Il existe peu de documentation à ce sujet mais de récentes ventes sur offres (Roumet n°556) permettent d’en avoir un aperçu (Fig.7 à 9).
Les tirages du type Blanc concernent les faciales suivantes :
- 1 c gris (107 type I)
- 2 c violet rose (108 type I)
- 3 c rouge vermillon (109 type I)
- 4 c brun havane (110 type I)
- 5 c vert (111 type I)
Toutes ces impressions seraient avec dentelure figurée par impression d’une couleur sépia mais je n’ai pas trouvé d’illustrations permettant de le confirmer.
Les tirages du type Merson concernent les faciales suivantes :
- 40 c rouge et bleu (119)
- 50 c brun et gris (120)
- 1 fr lie de vin et olive (121)
- 2 fr violet et jaune (122)
- 5 fr bleu et chamois (123)
Là encore toutes ces impressions seraient avec dentelure figurée mais je n’ai pas trouvé d’illustrations permettant de le confirmer.
Les tirages du type Mouchon concernent les faciales suivantes :
- 10 c rose (124)
- 15 c vermillon (125)
- 15 c orange vermillon surcharge FM (FM 1 et FM 2)
- 20 c brun lilas (126)
- 25 c bleu (127)
- 30 c violet (128)
Ces impressions sont elles aussi avec dentelure figurée (Fig.7).
Figure 5 : Fragments des Épreuves de luxe imprimées pour l’exposition universelle de 1910 avec le type Mouchon. Les faciales 10 c, 15 c et 25 c sont au type II et au type I pour les faciales 20 c et 30 c.
Les tirages du type Semeuse concernent plus ma thématique de prédilection. Grace à l’aimable collaboration du personnel du musée de la poste, j’ai pu obtenir des images de ces tirages sur papier bristol avec dentelure figurée (Figures 6 à 9).
En voyant cette deuxième image, une question vient à l’esprit immédiatement : pourquoi les semeuses maigres sans sol ont elles été imprimées en double ?
Au niveau esthétique et chronologique, on aurait pu imaginer que le bloc de 25 Semeuses avec sol (type I) soit imprimé seul en haut puis les deux blocs de Semeuses maigres en dessous et enfin le bloc de Semeuse camée en bas. Cette double impression des Semeuses maigres peut être :
i) un choix « artistique » mais aussi
ii) refléter l’existence des types I et IIA pour ces galvanos de 25 timbres de la faciale à 10 c (le type III est celui des carnets donc galvano différent) et les types I et II pour la faciale à 35 c. La définition de l’image ne permet pas de trancher entre ces deux hypothèses.
La littérature indique que seuls le type I de la faciale à 10 c et le type II de la faciale à 35 c ont été imprimés sur bristol. Pourquoi cette différence alors que les types I de ces 2 faciales n’ont servi que très peu de temps (quelques heures d’impression) en raison du manque de contraste à l’impression et ont été retouchés de suite par Mouchon pour donner les types II qui seront utilisés exclusivement par la suite pour les feuilles de vente ? La différence majeure entre ces 2 types se situe au niveau du contour « postérieur » de la robe qui est plus accentué sur le type II que sur le type I. La figure 8 montre l’impression du timbre en position 25 pour chacun de ces 4 blocs. On constate, malgré la définition modeste, que les 2 blocs du bas sont au type II (contraste marqué de la robe et du talon) alors que les 2 blocs du haut sont au type I. Cette observation est tout aussi valable avec les impressions en position 1 à 24.
Cette
disposition des blocs de 25 sur la feuille de la figure 7 est donc logique car
cela correspond à la chronologie d’impression de ces timbres (type I puis type
II). Dans la littérature il est indiqué que les Semeuses 134 et 135 (10 c maigre avec et sans
sol) existeraient sur papier bristol mais sans la dentelure figurée. Si tel est
le cas, les autres Semeuses de cette feuille doivent aussi exister sans
dentelure figurée car l’impression de la dentelure a été réalisée par impression à plat
en sépia donc toute la feuille la possède (ou pas). Si quelqu’un en possède une
image, je suis preneur. L'autre point notable concerne la Semeuse 134 qui est décrite sous 2 types dont la différence entre les 2 laisse à penser qu'il s'agit plus d'une variété d'impression que de l'existence réelle de 2 galvanos différents. Si on garde la même logique que pour les 135 et 136 où les 2 types sont imprimés, cela confirmerait que les types I et II de la Semeuse 134 n'en font qu'un.
La troisième feuille montrée en figure 9
regroupe les Semeuses camées imprimées jusqu’en 1907. Sur cette feuille les
types ne posent pas de problèmes car un seul type de chacune d’entre elle
existait lors de l’impression de ces feuilles sur bristol. La seule question
vient du fait que la Semeuse 5 c verte est disposée en dernière position bien
qu’émise avant les autres … je n’ai pas d’explication à cela à moins que
l’ordre d’émission soit très différent de l’ordre d’impression à
l’atelier ? Toutefois "semeuse13" qui répertorie les dates d'impression de nos chères Semeuses confirme que la Semeuse 10 c rouge (138) a des dates d'impressions plus anciennes que celles de la Semeuse 5 c (137) donc cette hypothèse est peut à être à retenir. Dans ce cas le dernière imprimée serait la première émise ...
Figure 9 : Épreuve de luxe imprimée pour l’exposition universelle de 1910 avec les Semeuses camées +/- surcharge FM. La Semeuse camée 10 c rouge n’y est pas car déjà imprimée sur la feuille précédente.
© Coll. Musée de La Poste, Paris / La Poste / © Dessinateur Louis Oscar Roty, ADAGP, Paris 2021 / © Graveur Louis Eugène Mouchon
En dehors de l’aspect rare de ces épreuves de luxe, le fait le plus marquant est leur qualité d’impression. En effet, si l’on compare une Semeuse imprimée sur une feuille de vente et celle de l’épreuve de luxe, on ne peut pas se tromper tant la finesse des épreuves de luxe est excellente (Fig.10).
Figure 10 : Semeuse 5 c vert imprimée sur une feuille de vente (à gauche) et sur une épreuve de luxe sur bristol (droite).
Si certains d’entre vous ont de plus amples informations ou illustrations sur ces impressions sur bristol, n’hésitez pas à me les faire parvenir pour mettre à jour cet article.
4) Bibliographie
R. Joany, Les timbres-poste au type Sage, tome 1, brochure MdP n° 47 (1962), p 33-36
Yvert et Tellier, les timbres de France, le spécialisé volume 1 (2000), p 280-285
A. Maury, Histoire des timbres postes français, édition du centenaire, (1949) p 302-305
Timbre magazine, Octobre 2003, p 37 - 40
Timbre magazine, Juin 2005, p 40 – 44
Catalogue des timbres de France, 2020-2021, SPINK / MAURY
Illustration musée de la poste
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