Nombre total de pages vues

dimanche 18 octobre 2020

La Semeuse 5 centimes verte en 1918

 


L’année 1918 est dans la continuité de 1917 mais moins animée car sans changement de tarifs.

Les 1er janvier 1918 tombe un mardi ce qui fait que des oblitérations de cette date devraient se rencontrer facilement mais entre la grande guerre et le fait que les cartes de 5 mots doivent être affranchies à 10 centimes depuis un an, il est très difficile de trouver cette date sur les oblitérations de la Semeuse 5 c verte (Fig.1).

 

Figure 1 : Carte postale de 5 mots de politesse affranchie à 10 centimes

 

Les millésimes

            Toutes les feuilles de vente portent les lettres GC en haut et en bas des feuilles cette année-là mais si l’on y regarde de plus près, on constate que certaines de ces feuilles sont du papier C (Fig.2 et 3).

 


Figure 2 : Bas de feuille de la Semeuse 5 c verte 

imprimé sur du papier C malgré les lettres GC imprimées

 

 

Figure 3 : Millésimes 8 de la Semeuse 5 c verte imprimés sur différents papiers GC


Les feuilles imprimées sur papier blanc (C ou GC) sont au moins aussi nombreuses que celles imprimées sur du papier GC beige à chamois. On peut donc penser que les papetiers sont mieux rémunérés et peuvent donc produire du papier de meilleure qualité. Les feuilles GC « colorées » utilisées en 1918 ne sont peut-être dû qu’aux restes de stock de papier GC des années précédentes et de nouvelles commandes de papiers blancs ont été réalisées en cours d’année 1918. Il est aussi intéressant de noter que la couleur verte passe du vert +/- foncé au vert jaune sur certains millésimes.

 

Les 31 décembre 1918

L’année 1918 se termine un mardi et là encore les nouveaux tarifs ne permettent pas d’en trouver facilement (Fig.4).

 

Figure 4 : Semeuse 5 centimes verte oblitérée par un cachet à date

du dernier jour de l’année 1918 au type I.

La Semeuse 5 centimes verte en 1917

 


L’année 1917 n’apporte pas de nouveauté majeure pour la Semeuse 5 c verte. C’est avant tout une année marquée par le changement des tarifs du 1er janvier 1917 où la carte postale de « 5 mots » pour l’intérieur passe de 5 à 10 centimes et les lettres pour l'intérieur de 10 c à 15 c. Cela réduit donc énormément les ventes de cette Semeuse qui ne servira quasiment plus que pour les imprimés, papiers d’affaire et cartes de visite.

Les 1er janvier 1917 tombe un lundi ce qui fait que des oblitérations de cette date se rencontrent tant avec le type I que le type II car de nouveaux carnets ont été imprimés en 1916 (Fig.1 et 2).

 

Figure 1 : Semeuse 5 centimes verte oblitérée le 1er janvier 1917 (type II)

 


Figure 2 : Carte de vœux avec Semeuse 5 centimes verte oblitérée le 1er janvier 1917 (type I)

 

Les surcharges timbre taxe

            Le changement de tarif conduit beaucoup de gens à faire l’erreur d’envoyer leurs cartes postales « 5 mots » au tarif de 5 centimes alors que celui-ci a doublé au 1er janvier. Il en est de même pour les lettres à destination de l’intérieur qui passent de 10 à 15 centimes. De très nombreux courriers se voient donc insuffisamment affranchis de 5 centimes. Les postiers reçoivent donc la consigne de ne taxer qu’à l’insuffisance et non au double comme l’exige la règle (Fig.3). Il s’en suit une rupture du stock de timbres taxes à 5 centimes. L’administration postale décide donc d’apposer sur les Semeuses 5 centimes un cachet T de taxation (entouré ou pas d’un triangle) pour transformer ces timbres en timbres taxes à 5 centimes (Fig.4). Cette opération est réalisée dans chaque bureau de poste afin de vite résoudre le problème à l’échelle du territoire. Il en résulte une disposition parfois anarchique des cachets T sur les timbres (Fig.5)

 

Figure 3 : Lettre taxé uniquement à l’insuffisance soit 5 centimes

avec une Semeuse 5 c verte transformée en timbre taxe

 

Figure 4 : Cachets apposés sur les Semeuses 5 c vertes pour les transformer en timbre taxe

 

Figure 5 : Fragment de feuille avec cachet T apposé manuellement sur chaque timbre.

 

Comme souvent en philatélie, une production éphémère d’un timbre conduit à l’apparition de faux qui se repèrent par le cachet à date qui porte une date tardive (après janvier 1917) alors que la tolérance des postiers s’est étendue au mieux juste pendant le mois de janvier.

 

Les millésimes

            L’impression des feuilles de vente se fait exclusivement sur papier GC en 1917 car les stocks de papier C sont épuisés. La gamme de couleur du papier va du blanc au chamois comme l’année précédente (Fig.6). La couleur d’impression est un peu plus foncée qu’en 1916. Là encore on trouve la mention GC sur les hauts et les bas de feuille (Fig.7).

 

Figure 6 : Millésimes 7 de la Semeuse 5 c verte imprimés sur différents papiers GC

 

Figure 7 : Mention GC imprimée sur les feuilles de vente.

 

Les 31 décembre 1917

L’année 1917 se termine un lundi ce qui rend la quête d’un timbre oblitéré ce jour-là réalisable tant avec le type I que le type II (Fig.8).

 

Figure 8 : Cartes de vœux avec Semeuse 5 centimes verte oblitérée par un cachet à date

du dernier jour de l’année 1917 au type I.

La Semeuse 5 centimes verte en 1916

 


L’année 1916 est importante pour la Semeuse 5 c verte car elle est marquée par l’apparition d’un nouveau papier pour l’imprimer : le « fameux » papier GC que connaissent bien les collectionneurs de millésimes.

Le 1er janvier 1916 tombe un samedi. Malgré ce jour d’ouverture des bureaux de poste, l’ambiance et la désorganisation du pays font que peu de timbres oblitérés ce jour-là sont rencontrés que ce soit en timbres détachés ou sur support (Fig.1).

 

Figure 1 : Semeuse 5 centimes verte oblitérée le 1er janvier 1916 (type II)

 

Le papier C

            En cette année 1916, les positions sur le front se sont stabilisées et la vie se réorganise petit à petit dans le pays. L’activité économique reprend un minimum et les échanges postaux aussi. Il convient donc d’imprimer de nouvelles feuilles de vente mais le papier se fait rare. Dans un premier temps, on utilise les « fonds de tiroir » et les premières feuilles se font avec le stock de papier C restant (Fig.2).

 

Figure 2 : Bas d’une feuille imprimée le 18 février 1916 sur papier C

 

La comparaison des millésimes de 1916 imprimés sur papier C montre que la qualité du papier est variable car elle passe du blanc au beige. Ces différences sont dues à des traitements différents lors de la préparation de la pâte à papier et aux matériaux utilisés pour la préparer.

La matière première du papier est toujours de la fibre végétale mais suivant si l’on utilise du bois peu broyé et non écorcé ou du coton, le produit final n’est pas le même. La pâte à papier est généralement préparée en plusieurs étapes :

1) l’écorçage consiste à éliminer les écorces des morceaux de bois pour éviter une coloration jaunâtre ou chamois dans le produit final (exemple des papiers GC).

2) le défibrage consiste à séparer les fibres de cellulose de la lignine soit par broyage mécanique (pâte mécanique) soit par voie chimique (pâte chimique).

3) le raffinage va accroitre la capacité des fibres à se solubiliser

 

4) l’épurage pour éliminer les particules trop importantes pour être dissoutes.

5) Le blanchiment par traitement à l’eau oxygénée ou aux composés chlorés ou de minéraux. Cette étape permet d’éliminer les restes de lignine qui donne la coloration jaune du papier avec le temps.

6) l’encollage par ajout de colle pour éviter qu’il y ait des bavures à l’impression.

Dès lors la pâte à papier est prête à être transformée en papier. Elle va alors être étalée sur des surfaces planes puis pressée pour donner des feuilles qui seront ensuite mises à sécher.

Ainsi les papiers jaunâtres sont le fruit d’un blanchiment insuffisant comme c’est le cas pour certains papier C de 1916 (Fig.3).

 

Figure 3 : Nuances de couleur du papier C observées sur les millésimes de 1916

 

Le papier GC

En 1916, chaque industriel cherche à réduire ses couts d’approvisionnement et de production. C’est le cas de l’imprimerie qui tire sur les prix du papier. En conséquence, les papetiers réduisent leur cout de production en réduisant certaines étapes de la fabrication. Cela conduit à la production de papier de "Grande Consommation" (GC) où l’étape d’écorçage est très limitée afin d’accroitre la quantité de matière première utilisable. Cela se traduit par une forte coloration beige à chamois du papier GC. Il en est de même pour l’étape de raffinage d’où la présence de grosses fibres ou particules dans ce papier. On peut les observer par transparence et c’est une de leur caractéristique majeure. Enfin l’étape de blanchiment est aussi réduite voire annulée ce qui accentue la coloration beige à chamois du papier GC. Ainsi on trouve des papiers GC « blancs » (rare) où seule l’étape de raffinage a été réduite ce qui se traduit par la présence de grosses fibres ou particules à l’intérieur. En règle générale les papier GC sont beige à chamois foncé en raison de pigments provenant de l’écorce non enlevée lors de la première étape et /ou d’une étape de blanchiment très réduite d’où la présence de lignine qui jaunit dans le temps (Fig.4).

 

Figure 4 : Nuances de couleur du papier GC observées sur les millésimes de 1916

 

Les millésimes

            L’impression des feuilles de vente se fait donc sur papier C au début de 1916 mais aussi sur papier GC plus ou moins beige. Etant donné que la qualité du papier GC est bien moindre au niveau de sa résistance mécanique, il était imprimé en haut et en bas des feuilles de vente les lettres GC afin que les postiers sachent que ces feuilles devaient se manipuler avec plus de délicatesse. De ce fait les millésimes haut de feuille sont très recherchés (Fig.5). On remarquera aussi les variations dans la position du 6 suivant les galvanos de service utilisés (Fig.3).

 


Figure 5 : Millésime de 1916 imprimé sur papier GC avec inscription GC en haut de feuille

 

Les carnets

            La dernière série de carnet (C3 et C4) avait été imprimée en 1910 et le stock devait être épuisé 6 ans plus tard. Une cinquième série est donc relancée avec les restrictions de la période à savoir une couverture souple de qualité assez mauvaise et avec du papier GC chamois (carnet 137 C5) ou GC blanc (carnet 137 C5a). On notera aussi l’absence de feuille paraffinée entre les feuillets de 20 timbres. Comme en 1910, ces carnets ont des Semeuses 5 c vertes au type II (Fig.6 et 7).

 

Figure 6 : Carnet 137 C5 de 1916 imprimé sur papier GC chamois

 

Figure 7 : Carnet 137 C5a de 1916 imprimé sur papier GC blanc

 

Le service postal du Monténégro - Bordeaux

En Janvier 1916, le roi du Monténégro Nicolas Ier capitule devant l'Autriche. Le roi s’exile à Lyon en Janvier 1916 puis à Mérignac près de Bordeaux en mars 1916 avant d’aller à Neuilly sur Seine en Octobre 1916. A Mérignac, Nicolas Ier constitua un gouvernement en exil. Bien que le courrier officiel bénéficiait de la franchise postale, en Juin 1916 il se mit à utiliser divers timbres français (Semeuse et Merson) surchargés "SP - du M - Bordeaux" (Service postal du Monténégro - Bordeaux) sans autorisation officielle de l'Administration française (Fig.8 et 9). Pour éviter tout problème avec le Gouvernement Français, on parla alors d'essais. Seuls quelques rares plis officiels dont l’authenticité n’est pas évidente ont circulé du 6 au 24 Juin 1916, avec l'oblitération Bordeaux Cours d'Aquitaine ou Bordeaux Gironde (Fig.8 et 9).

 

Figure 8 : Semeuse 5 c verte avec surcharge du service postal du Monténégro à Bordeaux

 

Figure 9 : Courrier postal affranchi avec des Semeuses surchargées du service postal du Monténégro à Bordeaux (image semeuse13)

 

Les cachets « postes serbes » du bureau de Corfou

En Janvier 1916, sous la pression des forces bulgares et autrichiennes, le gouvernement et l'armée serbes se réfugient à Corfou en Grèce sous la protection du corps expéditionnaire français. Comme le gouvernement en exil refuse que les timbres serbes soient utilisés en dehors du territoire national, la France va fournir jusqu’au 6 Octobre 1918 ses propres timbres soit cinq Semeuses (5, 10, 15, 25 et 35 centimes) et deux Merson (40 c et 50 c) car il y avait à Corfou un bureau de poste militaire français (Secteur Postal 512). Ce bureau sera fermé le 24 juin 1919. Tous ces timbres sont oblitérés par un cachet serbe et par une griffe linéaire « Postes Serbes » ce qui permet leur identification. Les cachets en usage au bureau de poste serbe de Corfou sont les suivants :

 - un cachet rond type Suisse, à pont de 28 mm de diamètre, avec en caractères cyrilliques Station Postale Ministérielle (MINISTARSKA POS-TANSKA STANICA).

- une marque d'identification d'origine, avec inscription linéaire en Français : POSTES SERBES de 42 mm sur 4 mm. Cette marque était apposée sur les lettres à côté des timbres postes, parfois fortuitement sur les timbres eux-mêmes. Beaucoup de ces surcharges sont des « optimisations philatéliques » (Fig.10).

 

Figure 10 : Lettre à destination de Wessen affranchie avec

des Semeuses surchargées par « postes serbes » (image trouvée sur le net)

 

 Les 31 décembre 1916

L’année 1916 se termine un dimanche. Il est donc difficile de trouver un cachet à date de ce jour là (Fig.11).

 

Figure 11 : Cartes de vœux avec Semeuse 5 centimes verte oblitérée par un cachet à date

du dernier jour de l’année 1916 au type I.