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dimanche 18 octobre 2020

La Semeuse 5 centimes verte en 1916

 


L’année 1916 est importante pour la Semeuse 5 c verte car elle est marquée par l’apparition d’un nouveau papier pour l’imprimer : le « fameux » papier GC que connaissent bien les collectionneurs de millésimes.

Le 1er janvier 1916 tombe un samedi. Malgré ce jour d’ouverture des bureaux de poste, l’ambiance et la désorganisation du pays font que peu de timbres oblitérés ce jour-là sont rencontrés que ce soit en timbres détachés ou sur support (Fig.1).

 

Figure 1 : Semeuse 5 centimes verte oblitérée le 1er janvier 1916 (type II)

 

Le papier C

            En cette année 1916, les positions sur le front se sont stabilisées et la vie se réorganise petit à petit dans le pays. L’activité économique reprend un minimum et les échanges postaux aussi. Il convient donc d’imprimer de nouvelles feuilles de vente mais le papier se fait rare. Dans un premier temps, on utilise les « fonds de tiroir » et les premières feuilles se font avec le stock de papier C restant (Fig.2).

 

Figure 2 : Bas d’une feuille imprimée le 18 février 1916 sur papier C

 

La comparaison des millésimes de 1916 imprimés sur papier C montre que la qualité du papier est variable car elle passe du blanc au beige. Ces différences sont dues à des traitements différents lors de la préparation de la pâte à papier et aux matériaux utilisés pour la préparer.

La matière première du papier est toujours de la fibre végétale mais suivant si l’on utilise du bois peu broyé et non écorcé ou du coton, le produit final n’est pas le même. La pâte à papier est généralement préparée en plusieurs étapes :

1) l’écorçage consiste à éliminer les écorces des morceaux de bois pour éviter une coloration jaunâtre ou chamois dans le produit final (exemple des papiers GC).

2) le défibrage consiste à séparer les fibres de cellulose de la lignine soit par broyage mécanique (pâte mécanique) soit par voie chimique (pâte chimique).

3) le raffinage va accroitre la capacité des fibres à se solubiliser

 

4) l’épurage pour éliminer les particules trop importantes pour être dissoutes.

5) Le blanchiment par traitement à l’eau oxygénée ou aux composés chlorés ou de minéraux. Cette étape permet d’éliminer les restes de lignine qui donne la coloration jaune du papier avec le temps.

6) l’encollage par ajout de colle pour éviter qu’il y ait des bavures à l’impression.

Dès lors la pâte à papier est prête à être transformée en papier. Elle va alors être étalée sur des surfaces planes puis pressée pour donner des feuilles qui seront ensuite mises à sécher.

Ainsi les papiers jaunâtres sont le fruit d’un blanchiment insuffisant comme c’est le cas pour certains papier C de 1916 (Fig.3).

 

Figure 3 : Nuances de couleur du papier C observées sur les millésimes de 1916

 

Le papier GC

En 1916, chaque industriel cherche à réduire ses couts d’approvisionnement et de production. C’est le cas de l’imprimerie qui tire sur les prix du papier. En conséquence, les papetiers réduisent leur cout de production en réduisant certaines étapes de la fabrication. Cela conduit à la production de papier de "Grande Consommation" (GC) où l’étape d’écorçage est très limitée afin d’accroitre la quantité de matière première utilisable. Cela se traduit par une forte coloration beige à chamois du papier GC. Il en est de même pour l’étape de raffinage d’où la présence de grosses fibres ou particules dans ce papier. On peut les observer par transparence et c’est une de leur caractéristique majeure. Enfin l’étape de blanchiment est aussi réduite voire annulée ce qui accentue la coloration beige à chamois du papier GC. Ainsi on trouve des papiers GC « blancs » (rare) où seule l’étape de raffinage a été réduite ce qui se traduit par la présence de grosses fibres ou particules à l’intérieur. En règle générale les papier GC sont beige à chamois foncé en raison de pigments provenant de l’écorce non enlevée lors de la première étape et /ou d’une étape de blanchiment très réduite d’où la présence de lignine qui jaunit dans le temps (Fig.4).

 

Figure 4 : Nuances de couleur du papier GC observées sur les millésimes de 1916

 

Les millésimes

            L’impression des feuilles de vente se fait donc sur papier C au début de 1916 mais aussi sur papier GC plus ou moins beige. Etant donné que la qualité du papier GC est bien moindre au niveau de sa résistance mécanique, il était imprimé en haut et en bas des feuilles de vente les lettres GC afin que les postiers sachent que ces feuilles devaient se manipuler avec plus de délicatesse. De ce fait les millésimes haut de feuille sont très recherchés (Fig.5). On remarquera aussi les variations dans la position du 6 suivant les galvanos de service utilisés (Fig.3).

 


Figure 5 : Millésime de 1916 imprimé sur papier GC avec inscription GC en haut de feuille

 

Les carnets

            La dernière série de carnet (C3 et C4) avait été imprimée en 1910 et le stock devait être épuisé 6 ans plus tard. Une cinquième série est donc relancée avec les restrictions de la période à savoir une couverture souple de qualité assez mauvaise et avec du papier GC chamois (carnet 137 C5) ou GC blanc (carnet 137 C5a). On notera aussi l’absence de feuille paraffinée entre les feuillets de 20 timbres. Comme en 1910, ces carnets ont des Semeuses 5 c vertes au type II (Fig.6 et 7).

 

Figure 6 : Carnet 137 C5 de 1916 imprimé sur papier GC chamois

 

Figure 7 : Carnet 137 C5a de 1916 imprimé sur papier GC blanc

 

Le service postal du Monténégro - Bordeaux

En Janvier 1916, le roi du Monténégro Nicolas Ier capitule devant l'Autriche. Le roi s’exile à Lyon en Janvier 1916 puis à Mérignac près de Bordeaux en mars 1916 avant d’aller à Neuilly sur Seine en Octobre 1916. A Mérignac, Nicolas Ier constitua un gouvernement en exil. Bien que le courrier officiel bénéficiait de la franchise postale, en Juin 1916 il se mit à utiliser divers timbres français (Semeuse et Merson) surchargés "SP - du M - Bordeaux" (Service postal du Monténégro - Bordeaux) sans autorisation officielle de l'Administration française (Fig.8 et 9). Pour éviter tout problème avec le Gouvernement Français, on parla alors d'essais. Seuls quelques rares plis officiels dont l’authenticité n’est pas évidente ont circulé du 6 au 24 Juin 1916, avec l'oblitération Bordeaux Cours d'Aquitaine ou Bordeaux Gironde (Fig.8 et 9).

 

Figure 8 : Semeuse 5 c verte avec surcharge du service postal du Monténégro à Bordeaux

 

Figure 9 : Courrier postal affranchi avec des Semeuses surchargées du service postal du Monténégro à Bordeaux (image semeuse13)

 

Les cachets « postes serbes » du bureau de Corfou

En Janvier 1916, sous la pression des forces bulgares et autrichiennes, le gouvernement et l'armée serbes se réfugient à Corfou en Grèce sous la protection du corps expéditionnaire français. Comme le gouvernement en exil refuse que les timbres serbes soient utilisés en dehors du territoire national, la France va fournir jusqu’au 6 Octobre 1918 ses propres timbres soit cinq Semeuses (5, 10, 15, 25 et 35 centimes) et deux Merson (40 c et 50 c) car il y avait à Corfou un bureau de poste militaire français (Secteur Postal 512). Ce bureau sera fermé le 24 juin 1919. Tous ces timbres sont oblitérés par un cachet serbe et par une griffe linéaire « Postes Serbes » ce qui permet leur identification. Les cachets en usage au bureau de poste serbe de Corfou sont les suivants :

 - un cachet rond type Suisse, à pont de 28 mm de diamètre, avec en caractères cyrilliques Station Postale Ministérielle (MINISTARSKA POS-TANSKA STANICA).

- une marque d'identification d'origine, avec inscription linéaire en Français : POSTES SERBES de 42 mm sur 4 mm. Cette marque était apposée sur les lettres à côté des timbres postes, parfois fortuitement sur les timbres eux-mêmes. Beaucoup de ces surcharges sont des « optimisations philatéliques » (Fig.10).

 

Figure 10 : Lettre à destination de Wessen affranchie avec

des Semeuses surchargées par « postes serbes » (image trouvée sur le net)

 

 Les 31 décembre 1916

L’année 1916 se termine un dimanche. Il est donc difficile de trouver un cachet à date de ce jour là (Fig.11).

 

Figure 11 : Cartes de vœux avec Semeuse 5 centimes verte oblitérée par un cachet à date

du dernier jour de l’année 1916 au type I.

samedi 17 octobre 2020

La Semeuse 5 centimes verte en 1914 et 1915

 



 

J’ai décidé de regrouper les années 1914 et 1915 dans un même article car elles furent des années sans grande nouveauté.

Les 1er janvier 1914 et 1915 tombent respectivement un jeudi et un vendredi. Il est donc assez facile de trouver des Semeuses 5 centimes vertes oblitérées le 1/1/1914 mais beaucoup moins en date du 1/1/1915 en raison de la désorganisation du pays et du contexte difficile à ce moment-là (Fig.1 et 2). Il est encore plus difficile de trouver le type II oblitéré le 1/1/1915.

 

 Figure 1 : Semeuses 5 centimes vertes oblitérées

le 1er janvier 1914 (type I et II) et le 1er janvier 1915 (type I).

 

Figure 2 : Cartes de vœux en date du 1er janvier 1914 et 1915 au type I

 

 

Les millésimes

            L’impression des feuilles de vente se fait exclusivement sur papier C en 1914 cependant on peut observer que le papier est blanc à beige clair selon les millésimes (Fig.3).  La couleur verte ne varie quasiment pas au cours de l’année ni l’inclinaison du millésime mais la qualité de l’impression oui comme toujours (Fig.4). En 1915, aucune impression de cette Semeuse ne fut réalisée d’où l’absence de millésimes.

 

Figure 3 : Nuances de couleur du papier observées sur les millésimes de 1914

 

Figure 4 : Qualité d’impression variable sur les millésimes de 1914

 

Les entiers postaux

            L’impression des entiers postaux en 1914 ne dura que 4 semaines (semaine 1 puis semaine 17 à 19). Après le 8 mai 1914 (semaine 19), plus aucune impression d’entiers postaux ne fut réalisée avec cette Semeuse verte.

 

L’exposition internationale de Lyon

Du 1er mai au 1er novembre 1914 doit se tenir l’exposition internationale de Lyon (Fig.5).

 

Figure 5 : une des affiches de l’exposition de Lyon en 1914

 

Cette exposition fut l’occasion de créer la 1ère flamme drapeau illustrée apposée par une machine internationale de type LP (Fig.6) mais aussi de nombreuses vignettes à apposer sur les courriers postaux (Fig.7).

 

Figure 6 : Oblitération avec flamme drapeau de l’exposition de Lyon en 1914

 

Figure 7 : Quelques vignettes créées lors de l’exposition internationale de Lyon

 

            Inaugurée le 22 Mai 1914 par Raymond Poincaré, l’exposition eut un franc succès les 3 premiers mois avec 100 000 visiteurs le 14 juillet 1914. Toutefois l’approche d’une guerre imminente fait chuter sa fréquentation (1 500 visiteurs le 1er Aout 1914) et la déclaration de guerre du 3 Aout 1914 se traduit, au niveau de l’exposition, par la fermeture des pavillons allemands et autrichien ainsi que par la confiscation de leurs biens. L’exposition sera prolongée jusqu’au 11 Novembre 1914 mais sera un fiasco financier pour la ville.

 

Les essais de numérotation 1914 et 1915

Les années 1914 et 1915 se caractérisent par des essais de numérotations des feuilles de ventes. Il se caractérise par une lettre suivie de 5 chiffres au dessus des timbres 7 et 8 en haut des feuilles. Ces essais ont eu lieu aussi sur le type Blanc 3 c orange (N° 109) et sur les Semeuses camées 10 c rouge (138 et 146) pendant la période 1914-1915 sans que l'on ne sache exactement quelle est leur signification (Fig.8).

 

Figure 8 : Haut de feuille avec essai de numérotation imprimé en 1914 (image semeuse13).

 

Les 31 décembre 1914 et 1915

Les années 1914 et 1915 se terminent respectivement un jeudi et un vendredi. Malgré ces jours favorables à l’envoi de courrier, on ne trouve que peu de timbres avec la date du 31 décembre 1914 ou 1915 étant donné le contexte de la « grande guerre » (Fig.9). Le type II est d’autant plus rare avec cette date.

 

Figure 9 : Cartes de vœux avec Semeuses 5 centimes vertes avec timbre à date

du dernier jour de l’année 1914 et 1915 au type I.