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mardi 21 janvier 2025

La position des manchettes GC en bas de feuille ... le retour

         En décembre 2023, j’avais fait un article sur la position des manchettes GC en bas de feuille sur la base de 75 scans analysés. Les mesures étaient axées sur la longueur de la manchette GC et surtout son positionnement vertical par rapport à la lettre i de « république » du timbre en position 145 qui était un point stable dans la feuille d’impression. Depuis, j’ai récupéré 27 nouvelles images de bas de feuille (BDF) et l’effectif total se porte à 102 scans. J’ai repris toutes ces images et réalisé de nouvelles mesures en prenant aussi comme repère stable la croix servant de repère dans le positionnement des feuilles lors de la perforation. Dès lors j’ai pu mesurer la position des lettres GC comme précédemment mais aussi les début et fin des mentions de BDF (opérateur, date, presse, +/- rectangle plein) avec beaucoup plus de facilité (fig.1).


Figure 1 : Mesures effectuées sur les bas de feuilles. Les distances indiquées par les flèches sont mesurées en millimètres. « i-G » correspond à la distance entre la verticale du i de république et le G de GC.

 

Pour distinguer les différentes ½ planches d’impression, les critères de discrimination sont indiqués ci-dessous par ordre de priorité :

-          Millésime (si présent)

-          Numéro de presse

-          Présence ou pas d’un rectangle/carré vert entre le numéro de presse et la manchette GC

-          La longueur de ce rectangle/carré

-          L’espacement entre le i de république et le début du G de la manchette GC

-          L’espacement entre le rectangle (ou carré) et le début du G de la manchette GC

-          Le positionnement des différentes inscriptions de BDF par rapport à la croix repère

-          L’épaisseur des traits inter-galvanos

Au final, 26 demi planches d’impression ont été identifiées sur la période 1916 à 1920 avec seulement 2 presses utilisées en 1916, 3 en 1917, 4 en 1918 et 1919 et sans doute une seule au début de 1920.

Figure 2 : Caractéristiques des 26 demi planches d’impression identifiées avec manchette GC de 1916 à 1920

 Si l’on regarde dans le détail les valeurs, on peut se rendre compte que les caractéristiques des demi-planches d’impression 1, 2 et 4 de 1916 sont respectivement similaires aux demi-planches d’impression 5, 6 et 7 de 1917. La demi-planche 10 non caractérisée à ce jour doit logiquement être la numéro 3 de 1916. Etant donné que l’impression des feuilles GC n’a débuté qu’en novembre 1916, on peut imaginer que 2 presses ont fonctionné en 1916 et 1917 avec les mêmes planches d’impression alors qu’une troisième presse est mise en service en 1917 (demi-planches 8 et 9). En revanche, il est difficile d’identifier des demi-planches communes entre 1918 et 1919 suggérant une utilisation importante ces années là et donc une usure de celles de 1918 qui ont toutes été remplacées en 1919. Pour l’année 1920, l’impression avec les manchettes GC ne se fit qu’au mois de janvier 1920 et à priori avec la presse 30 et au moins la demi-planche N°24 comme le montre ce BDF en date du 2 janvier (1920) (collection jacques G.) car la presse 30 n’a été utilisée qu’à partir d’octobre 1919 (communication personnelle semeuse13).


Figure 3 : bas de feuille imprimé le 2 janvier 1920

            Ainsi la collecte d’image de bas de feuille, qu’il soit très partiel ou de blocs plus conséquents, a permis d’identifier la grande majorité des planches d’impression utilisées de 1916 à 1920 pour la Semeuse 5 centimes verte sur papier GC. Toutefois, si certains d’entre vous ont de tels fragments ou blocs, n’hésitez pas à me contacter car il reste encore des caractéristiques à identifier notamment concernant la demi-planche N° 10 mais aussi pour les autres où plus l’échantillonnage sera important et meilleure sera la précision de ces caractéristiques.

samedi 7 décembre 2024

L’entier postal enveloppe au format des cartes de visite à l’effigie de la Semeuse

L’entier postal enveloppe au format des cartes de visite

à l’effigie de la Semeuse

Ces derniers temps, j’ai eu le plaisir de découvrir la superbe exposition sur les entiers postaux à l’effigie de la Semeuse présentée par Mr Vigneron et primée d’une médaille d’or à l’HAFNIA 24. Je n’avais jamais regardé de près ces entiers fort peu présents dans les ventes sur offre et ce d’autant plus que la Semeuse 5 centimes verte n’est présente que sur un seul type d’entier postal de type enveloppe au format des cartes de visite. Jusqu’à présent, je me contentais de collecter un entier correspondant à chacune des 57 semaines de production. En soit, cette collecte n’a rien de bien fantastique d’un point de vue philatélique. En fait, je me suis aperçu que l’entier postal de la Semeuse 137 pouvait être fort intéressant même si les variétés sont peu nombreuses. En effet, en plus des repiquages privés ou institutionnels, il en existe des variétés multiples liées aux erreurs humaines ou aux réglages des presses.

Dans cet article, après une première partie consacrée à l’origine de cet entier enveloppe pour carte de visite, je présente les documents de ce type connus pour la Semeuse 137, suivi d’une troisième partie axée sur ses variétés. Au final, grâce à l’analyse de ces variétés et de la faible bibliographie technique sur ces entiers enveloppes, je vais tenter d’expliquer leur process de fabrication.

1. L’origine de l’entier postal enveloppe au format des cartes de visite

Le premier entier postal sous la forme d’enveloppes est émis le 15 novembre 1882 avec une faciale à 5 centimes, en vert foncé, au type Sage et un format de 116 x 76 mm (ACEP, Catalogue des entiers postaux de France et Monaco, 1981). Il correspond au tarif des imprimés de moins de 50 grammes envoyés sous enveloppe ouverte en date du 1/5/1878 (BM n°108 supp, mars 1878, p 267).

En 1884, apparait le premier entier enveloppe de 107x70 mm, caractéristique des cartes de visite toujours avec la même faciale et la même effigie. En 1898, l’effigie reste la même mais la couleur devient vert jaune ou vert bleu.

En 1901, le type Blanc à 5 centimes vert remplace le type Sage sur ces entiers et ce jusqu’en 1906. L’instruction n° 616 qui entre en vigueur le 1er février 1907 modifie le tarif de 1878 en augmentant le plafond à 100 grammes pour les imprimés non périodiques sous enveloppe ouverte (BM n°2, février 1907, p44). Ce tarif se maintiendra jusqu’au 13 juillet 1925 (BM n°18, aout 1925, p435).

De 1907 à 1914, ces entiers enveloppes de 107x70 mm, imprimés dès 1895 sur du papier vergé, continueront d’être produits avec la Semeuse 5 centimes vert. Ce format d’entier enveloppe ne sera plus fabriqué par la suite.

2. L’entier postal de la Semeuse 137

Cet entier au format 107 x 70 mm, imprimé par typographie sur papier vergé blanc avec une patte pointue non encollée, destiné à l’expédition des cartes de visite sous enveloppe ouverte est imprimé pendant 57 semaines de 1907 à 1914 (Tableau 1). Ce sera le dernier entier postal produit à ce format.

 

Janvier

Février

Mars

Avril

Mai

Juin

Juillet

Aout

Septembre

Octobre

Novembre

Décembre

1907

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

36

37

38

 

40

41

42

43…

…43

44

45

 

1908

 

 

 

 

 

22

23

24

 

 

 

 

32

33

 

 

 

 

42

 

 

1909

 

 

 

 

 

 

16

17

18

19

 

 

21

22

23

 

 

 

30

 

 

 

 

 

42

 

 

46

47

48…

…48

49

50

 

52

1910

1

 

 

 

 

 

 

 

 

19

 

21

 

23

24

 

 

 

 

 

 

1911

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

44…

…44

45

46

47

48…

…48

49

50

51

52

1912

 

 

 

 

 

 

 

24

25

26

27

28

 

 

 

 

 

1913

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

47

 

49

50

51

 

1914

1

 

 

 

 

 

 

 

 

17…

…17

18

19

 

 

 

 

 

 

 

Tableau 1 : Les semaines d’impression des entiers sont indiquées par mois et par année (source catalogue ACEP 1983)

 

L’identification de la semaine et de l’année d’impression est possible grâce au nombre indiqué sous le rabat de l’enveloppe. Ce nombre est lisible en plaçant le rabat de l’enveloppe vers le bas (Fig.1).

La première impression a eu lieu la semaine 36 de 1907 (du 9 au 14 septembre) en vue d’une commercialisation pour les vœux du nouvel an de 1908. On peut penser que la vente a débuté fin 1907 pour profiter à plein de cette période mais la première date connue d’utilisation est le 2 janvier 1908 (Fig.2). Toutefois, les dates de mises en vente n’étant pas recensées, seules les dates d’impression sont certaines ainsi que les dates d’utilisation observées grâce aux timbres à date apposés pour annuler les timbres. La vignette de la Semeuse 5 centimes vert imprimée au recto est exclusivement au type I tout comme celle des feuilles de ventes, des roulettes ou des premiers carnets. Enfin, ces entiers sont imprimés sur un papier vergé orienté sud-ouest vers nord-est mais aussi dans le sens nord-ouest vers sud-est. Ils étaient distribués par lot de 10 sous bande pour le prix de 5.5 centimes (Fig.3).

 

Figure 1 : verso d’un entier imprimé la semaine 36 de 1907 et signification de chaque chiffre

 

Figure 2 : Première date d’utilisation connue (Collection J. Vigneron)

 


Figure 3 : lot de 10 entiers avec leur bande où sont indiqués les tarifs de vente et les conditions d’utilisation

 

 Les entiers de la Semeuse 5 centimes vert ont aussi connu des repiquages privés permettant à des institutions publiques (Chambre des députés, cours d’appel …) ou des organismes privés (la Phagolysine) d’apposer par typographie leur « signature » (Fig.4).  

Figure 4 : Repiquages privés réalisé par la chambre des députés sous deux formats (en haut), par la compagnie pharmaceutique « La Phagolysine » (1900 – 1950) avec une inversion de l’impression pour l’une (au milieu) et par la cour d’appel d’Aix (en bas). Images fournies par l’ACEP.

Jusqu’en 1924, les entiers envoyés depuis l’Algérie étaient les mêmes que ceux expédiés depuis la métropole (Fig.5). Toutefois, à compter de 1924, ces entiers ont été surchargés « ALGERIE ». Ceux connus portent les numéros 351, 401 et 417 et correspondent aux stocks issus des dernières semaines d’impression de ces entiers (Fig.5).

 

 

Figure 5 : Entier utilisé en Algérie avant la surcharge (gauche) et le même entier avec la surcharge « ALGERIE » (droite). Images fournies par l’ACEP

Enfin, ces entiers sont utilisés lors des cours d’instructions pour former les futurs agents de la poste, avec une surcharge apposée pour annuler la faciale soit :

- manuellement à l’encre violette (« ANNULE » de 1911)

- en typographie à l’encre noire (« ANNULE » de 1923 et « SPECIMEN » de 1925) (Fig.6).

Pour information, il existe des surcharges manuelles doubles en violet mais aussi des surcharges « SPECIMEN » de grande taille sur une première surcharge SPECIMEN de petite taille. Comme souvent dans le domaine des surcharges philatéliques, il est difficile de distinguer l’authentique du faux pour tromper les collectionneurs (Fig.7).

 

  

       
 

Figure 6 : Entiers utilisés lors des cours d’instruction de 1911 à 1914 (en haut à gauche), ceux de 1923 (en haut à droite) et ceux de 1925 (en bas) (collection J. Vigneron et collection Semeuse 22)

 


Figure 7 : Entiers avec double surcharge manuelle violette en raison d’une première frappe peu lisible par défaut d’encre (gauche) et double surcharge « SPECIMEN » de 2 tailles différentes (droite). Images fournies par l’ACEP

 

3. Les variétés

Les variétés sont toujours recherchées par les collectionneurs pour leur côté spectaculaire mais aussi pour les informations qu’elles apportent sur la conception des objets imprimés. Dans le cas des timbres d’usage courant du début du XXème siècle, elles sont assez fréquentes ce qui n'est pas le cas sur les entiers postaux.

 

3.1. Les variétés d’impression

Les variétés d’impression sont les défauts les plus « courants » car liées au réglage de la presse, qui peut donner une impression dite « défectueuse » (Fig.8) à cause d’une encre trop ou pas assez fluide. Dans le cas d’une encre trop fluide, les zones théoriquement blanches de la figurine se retrouvent plus ou moins encrées (Fig.9). Parfois des particules présentes entre le papier et le cliché d’impression vont générer des zones blanches sur la figurine ou sur les signatures en bas (Fig.10). Ces erreurs n’ont pas forcément empêché leur commercialisation même si la qualité du produit fini est moindre.

 


Figure 8 : Variété d’impression (en haut à gauche) due à une pression insuffisante de la presse qui se traduit par une impression partielle sur le papier vergé comparativement à l’entier situé sur la droite de la figure.


 


Figure 9 : Variété d’impression à gauche due à une encre trop fluide qui a conduit à une impression partielle de la faciale comparativement à l’exemplaire de droite.

 

 


Figure 10 : Variété d’impression due à des particules présentes sur le cliché d’impression. Images fournies par l’ACEP

 

            Il existe aussi des variétés avec une double impression qui sont beaucoup plus rares (Fig.11) car il s'agit d'un double passage dans la presse.

 


Figure 11 : Entier ayant subi une double impression. Images fournies par l’ACEP

 

3.2. Les variétés en lien avec le bloc dateur

Un autre type de variétés se situe au niveau de la date imprimée au dos de l’entier. Il en existe trois : l’absence de date, les dates inclinées et les dates renversées (Fig.12). Dans tous les cas il s’agit d’une erreur humaine ponctuelle liée à l’oubli du bloc dateur ou à son mauvais positionnement dans la planche d’impression.

 


Figure 12 : Entier sans date imprimée (à gauche) et avec date renversée et inclinée (à droite). Collection J. Vigneron.

 

            Concernant les dates inclinées, il est intéressant de noter qu’il est très fréquent de trouver des dates inclinées (Fig.13). En fait sur 107 entiers répartis équitablement entre les 57 semaines d’impression, seuls 5 ont une date parfaitement parallèle au bord de l’enveloppe. A l’image du très bon centrage des timbres du début du XXème siècle, le parfait alignement du bloc dateur par rapport au bord de l’enveloppe mérite une plus-value. Ces inclinaisons sont très fréquemment vers la droite (fin du chiffre plus bas que le début) et varient de 1 à 28° (Fig.13). Sur les 107 entiers analysés, un seul a une orientation opposée avec un angle de 15°. Ces variations montrent que l’emplacement réservé au bloc dateur devait être assez large pour que les caractères d’imprimerie puissent se retrouver incliné de façon aussi importante. De plus, la large prédominance d’une inclinaison est peut-être due, simple hypothèse de travail, au système de fixation du bloc par vissage qui lors du serrage entrainait une légère rotation. Si tel est le cas, l’exemple donné en figure 11 d’une inclinaison inverse indique que ce bloc dateur devait être très incliné au départ et c’est « redressé » après serrage. Il ne semble pas y avoir de corrélation entre le niveau d’inclinaison des dates et la semaine d’impression (date 224 de la figure13).

 


Figure 13 : Parallélisme de la date par rapport au bord de l’enveloppe (collection J. Vigneron et Semeuse22). A gauche, la date est parfaitement parallèle au bord de l’enveloppe alors que les 3 suivantes ont des inclinaisons de 10, 20 et 28°. Enfin la date à droite de la figure à une inclinaison inverse des autres (-15°) et n’est pas courante.


 

3.3. Les variétés de découpe et de pliage

Les entiers postaux sont imprimés sur des feuilles de grand format (62 x 82,5 cm), puis sont découpés, encollés et pliés (Cf. partie 4). Chacune de ces opérations, peut être source d'un défaut qui génère une ou des variétés d'importances diverses. Cette double phase de découpage puis de pliage est, elle aussi, source de variétés qui peuvent être mineures (Fig.14 et 15) mais certaines sont très importantes, tel qu'un pliage à l'envers (Fig.16).

 


Figure 14 : Le timbre imprimé se retrouve à des hauteurs variables sur l’entier suivant la précision de la découpe.
La valeur moyenne entre le haut de l’enveloppe et le haut du timbre est de l’ordre de 5 mm.Ci-dessus les écarts varient de 2 à 7 mm.

 



Figure 15 : La vignette imprimée se retrouve à des hauteurs variables mais aussi avec des inclinaisons variables sur l’entier suivant la précision de la découpe et du pliage. Au verso de la deuxième enveloppe présentée en haut de la figure, on observe qu’une erreur de découpe a conduit à une déchirure du rabat lors du pliage et une asymétrie du rabat de l’enveloppe (verso avec numéro 226 au bas de la figure). Images fournies par l’ACEP

 


Figure 16 : Le timbre imprimé se retrouve à l’intérieur de l’entier en raison d’un pliage à l’envers. Entier imprimé en semaine 43 de 1907 donc fin octobre-début novembre (collection J. Vigneron)

 

 

4. Le process de fabrication des entiers enveloppe

Il n’existe que très peu de bibliographie technique ou de témoignage sur le process de fabrication des entiers postaux de type enveloppe. Le seul témoignage indirect est celui paru dans la revue « scientific american » du 29 mai 1909 en page 407. Cet article, cité par « Semeuse13 » sur son blog puis par Gérard Gomez dans un article de « Timbres Magazine », décrit la fabrication des timbres-poste à l’Atelier Boulevard Brune où un petit paragraphe est consacré aux entiers postaux. Les étapes successives sont l’impression des feuilles, la découpe des entiers, leur gommage mécanique puis le pliage automatisé. Le descriptif est toutefois trop succinct et flou pour en savoir plus.

 

4.1. L’impression des entiers enveloppe

Le premier élément dont nous disposons avec certitude est donné par le Bulletin Mensuel des Postes et Télégraphes N° 5 de mai 1900. En page 265 sont décrits les formats de papier pour l’impression des entiers postaux (Fig. 17). Dans le cas des enveloppes à 5 centimes, la feuille de base est un parallélogramme de 62 x 82.5 cm permettant d’imprimer 20 enveloppes.

 


Figure 17 : Tableau indiquant les formats et tailles des papiers utilisés pour l’impression des entiers postaux

           

                        Si l’on démonte un entier enveloppe à 5 centimes, cela permet d’obtenir un gabarit (Fig.18) que l’on peut essayer de positionner en 20 exemplaires sur une feuille de 62 x 82.5 cm en forme de parallélogramme. Lorsque l’on réalise ces essais, on constate qu’il n’y a que deux solutions possibles (Fig.19) :

            - l’une avec tous les entiers dans le même sens et des marges de 1,7 cm (1ere image).

            - l’autre avec les entiers tête bêche et des marges de 2.5 cm (2ème image)

Dans les deux cas des marges, les angles du parallélogramme sont de 80° et 100°.

 


Figure 18 : Entier postal de type enveloppe à 5 centimes déplié tel qu’obtenu après impression et découpe.

           

 

Figure 19 : Dispositions possibles des entiers enveloppe sur la feuille entière après impression.
En haut, les entiers sont tous dans le même sens et les marges font 1,7 cm (marges réduites au minimum). En bas ils sont tête bêche avec des marges de 2.5 cm (marge standard avant la découpe des entiers).

           

Pour choisir entre ces 2 hypothèses, il y a plusieurs arguments en faveur :

 

1)   des tête-bêche : (bas de la figure 19)

a.    cette disposition est déjà connue pour les entiers carte-lettre de la Semeuse lignée à 15 centimes ou la Semeuse maigre à 10c (information J. Vigneron)

b.    la marge de 2.5 cm est utilisée pour l’impression des feuilles de timbres de la Semeuse 5 centimes vert

 

2)   des sens identiques : (haut de la figure 19)

a.    cette disposition permet de découper toutes les enveloppes dans le même sens avec un découpoir unique

b.    les enveloppes obtenues sont toutes disposées dans le même sens et donc s’empilent parfaitement

c.     Jean Vigneron a démontré grâce à une de ses variétés que les entiers cartes postales de la Semeuse lignée 10 centimes étaient positionnés à 1 cm au-dessus de la base de la perforation de contrôle du papier. Or cette dernière est en moyenne à 0.7 cm du bord de la feuille. En conséquence, il y aurait une marge minimale de 1.7 cm qui permettrait donc d'imprimer les 20 entiers enveloppes (Fig.19)

 

Il est difficile de trancher entre ces deux hypothèses mais la deuxième solution est beaucoup plus pratique pour la découpe et l’empilement des enveloppes d’où un gain de temps et un meilleur rendement de production.

Quel que soit le modèle utilisé, la planche d’impression devait comporter :

                        - Les 20 emplacements de la vignette à l’effigie de la Semeuse à 5 centimes de faciale

                        - Les 20 emplacements pour glisser les blocs dateurs

                        - Les points de repère pour la découpe des entiers (probablement 4 par enveloppe)

 

4.2. La découpe des entiers enveloppes

La découpe (ou ébarbage) des enveloppes à partir des feuilles en contenant 20 se faisait de façon mécanique vraisemblablement par un système « d’emporte-pièce ». La difficulté réside dans le positionnement de la feuille afin de ne pas avoir de décalage dans la découpe car les marges d’erreurs étaient faibles (Fig.19). L’observation de certaines variétés de l’entier enveloppe de la Semeuse 137 montre qu’il existe des points de repère autour des enveloppes (Fig.20). On retrouve les mêmes points en haut et en bas des feuilles de vente des timbres-poste qui permettent de bien positionner les feuilles en les piquant sur une pointe métallique à ce niveau-là avant perforation. On peut imaginer le même système pour ces feuilles d’enveloppes. Toutefois, ces points verts ne sont pas perforés sur les entiers observés. Ils n’ont donc pas servi à positionner les feuilles par piquage sur une aiguille métallique. Etant donné que leur présence n’est pas le fait du hasard, on peut dire (sans jamais pouvoir le vérifier faute de trouver une feuille intacte d’entiers enveloppes), que la feuille imprimée a elle aussi des repères en haut et en bas pour bien la positionner avant découpe. Les points verts que l’on observe autour de la façade de l’entier ne sont que des outils de contrôle pour s’assurer que la découpe se fait au bon endroit et pouvoir l’ajuster au fur et à mesure de la découpe.

 

 

Figure 20 : Point de repérage pour la découpe (points imprimés en vert) des entiers présents sur les rabats latéraux (image de gauche) et sur le rabat inférieur (image de droite).

 

 

4.3. Le gommage et le pliage

 

Une fois les enveloppes découpées et empilées, il s’agit de les gommer et de les plier. Si l’on regarde de près un entier enveloppe de la Semeuse 137, on constate que seul le rabat inférieur est encollé sur ses parties latérales. Le rabat supérieur ne l’est pas car ces entiers servent à envoyer des cartes de visite sous enveloppe ouverte. En conséquence, il n’y a pas besoin d’étape de gommage du rabat supérieur puis d’étape de séchage comme on peut l’avoir pour la fabrication d’un timbre ou d’une enveloppe fermée. Concernant l’encollage du rabat inférieur, il parait peu probable, à l’image des feuilles de timbres ou des cartes lettres, que le gommage soit apposé puis séché avant le pliage il faudrait humecter la gomme avant pliage pour que la cohésion se fasse entre les rabats. On peut donc imaginer que l’étape « d’encollage » sur les côtés du rabat inférieur et l’étape de pliage sont simultanées afin que la colle joue son rôle de suite. La même machine devait faire passer deux petits rouleaux encolleurs sur le rabat inférieur avant d’enclencher le pliage. Ces plieuses d’enveloppes sont connues depuis de nombreuses années comme le montre cet article de 1870 (Fig.21).

 


Figure 21 : Descriptif du fonctionnement d’une plieuse d’enveloppe paru dans

« Le Grand dictionnaire universel du XIX siècle », 1870, Pierre Larousse, p 262

 

 

PS: Si certains d’entre vous ont des images ou des informations permettant d’enrichir cet article, n’hésitez pas à me contacter.