L’entier
postal enveloppe au format des cartes de visite
à l’effigie
de la Semeuse
Ces
derniers temps, j’ai eu le plaisir de découvrir la superbe exposition sur les
entiers postaux à l’effigie de la Semeuse présentée par Mr Vigneron et primée d’une
médaille d’or à l’HAFNIA 24. Je n’avais jamais regardé de près ces entiers fort
peu présents dans les ventes sur offre et ce d’autant plus que la Semeuse 5
centimes verte n’est présente que sur un seul type d’entier postal de type
enveloppe au format des cartes de visite. Jusqu’à présent, je me contentais de
collecter un entier correspondant à chacune des 57 semaines de production. En soit, cette
collecte n’a rien de bien fantastique d’un point de vue philatélique. En fait,
je me suis aperçu que l’entier postal de la Semeuse 137 pouvait être fort
intéressant même si les variétés sont peu nombreuses. En effet, en plus des
repiquages privés ou institutionnels, il en existe des variétés multiples liées
aux erreurs humaines ou aux réglages des presses.
Dans
cet article, après une première partie consacrée à l’origine de cet entier
enveloppe pour carte de visite, je présente les documents de ce type connus
pour la Semeuse 137, suivi d’une troisième partie axée sur ses variétés. Au
final, grâce à l’analyse de ces variétés et de la faible bibliographie
technique sur ces entiers enveloppes, je vais tenter d’expliquer leur process
de fabrication.
1. L’origine de l’entier postal
enveloppe au format des cartes de visite
Le
premier entier postal sous la forme d’enveloppes est émis le 15 novembre 1882
avec une faciale à 5 centimes, en vert foncé, au type Sage et un format de 116
x 76 mm (ACEP,
Catalogue des entiers postaux de France et Monaco, 1981). Il correspond
au tarif des imprimés de moins de 50 grammes envoyés sous enveloppe ouverte en
date du 1/5/1878 (BM n°108 supp, mars 1878, p 267).
En
1884, apparait le premier entier enveloppe de 107x70 mm, caractéristique des
cartes de visite toujours avec la même faciale et la même effigie. En 1898,
l’effigie reste la même mais la couleur devient vert jaune ou vert bleu.
En
1901, le type Blanc à 5 centimes vert remplace le type Sage sur ces entiers et
ce jusqu’en 1906. L’instruction n° 616 qui entre en vigueur le 1er
février 1907 modifie le tarif de 1878 en augmentant le plafond à 100 grammes
pour les imprimés non périodiques sous enveloppe ouverte (BM n°2,
février 1907, p44). Ce tarif se
maintiendra jusqu’au 13 juillet 1925 (BM n°18, aout 1925, p435).
De
1907 à 1914, ces entiers enveloppes de 107x70 mm, imprimés dès 1895 sur du
papier vergé, continueront d’être produits avec la Semeuse 5 centimes vert. Ce
format d’entier enveloppe ne sera plus fabriqué par la suite.
2. L’entier postal de la Semeuse 137
Cet entier au format 107 x 70 mm, imprimé par
typographie sur papier vergé blanc avec une patte pointue non encollée, destiné
à l’expédition des cartes de visite sous enveloppe ouverte est imprimé pendant
57 semaines de 1907 à 1914 (Tableau 1). Ce sera le dernier entier postal
produit à ce format.
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Janvier
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Février
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Mars
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Avril
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Mai
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Juin
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Juillet
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Aout
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Septembre
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Octobre
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Novembre
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Décembre
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1907
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36
37
38
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40
41
42
43…
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…43
44
45
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1908
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22
23
24
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32
33
|
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42
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1909
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16
17
|
18
19
21
|
22
23
|
30
|
|
|
42
|
46
47
48…
|
…48
49
50
52
|
1910
|
1
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|
19
21
|
23
24
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1911
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44…
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…44
45
46
47
48…
|
…48
49
50
51
52
|
1912
|
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24
25
26
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27
28
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1913
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47
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49
50
51
|
1914
|
1
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17…
|
…17
18
19
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Tableau 1 :
Les semaines d’impression des entiers sont indiquées par mois et par année
(source catalogue ACEP 1983)
L’identification
de la semaine et de l’année d’impression est possible grâce au nombre indiqué
sous le rabat de l’enveloppe. Ce nombre est lisible en plaçant le rabat de
l’enveloppe vers le bas (Fig.1).
La
première impression a eu lieu la semaine 36 de 1907 (du 9 au 14 septembre) en
vue d’une commercialisation pour les vœux du nouvel an de 1908. On peut penser
que la vente a débuté fin 1907 pour profiter à plein de cette période mais la
première date connue d’utilisation est le 2 janvier 1908 (Fig.2). Toutefois,
les dates de mises en vente n’étant pas recensées, seules les dates
d’impression sont certaines ainsi que les dates d’utilisation observées grâce
aux timbres à date apposés pour annuler les timbres. La vignette de la Semeuse
5 centimes vert imprimée au recto est exclusivement au type I tout comme celle
des feuilles de ventes, des roulettes ou des premiers carnets. Enfin, ces
entiers sont imprimés sur un papier vergé orienté sud-ouest vers nord-est mais
aussi dans le sens nord-ouest vers sud-est. Ils étaient distribués par lot de
10 sous bande pour le prix de 5.5 centimes (Fig.3).
Figure 1 :
verso d’un entier imprimé la semaine 36 de 1907 et signification de chaque
chiffre
Figure 2 : Première date d’utilisation connue (Collection
J. Vigneron)
Figure 3 :
lot de 10 entiers avec leur bande où sont indiqués les tarifs de vente et les
conditions d’utilisation
Les
entiers de la Semeuse 5 centimes vert ont aussi connu des repiquages privés
permettant à des institutions publiques (Chambre des députés, cours d’appel …)
ou des organismes privés (la Phagolysine) d’apposer par typographie leur
« signature » (Fig.4).
Figure 4 :
Repiquages privés réalisé par la chambre des députés sous deux formats (en
haut), par la
compagnie pharmaceutique « La Phagolysine » (1900 – 1950) avec une
inversion de l’impression pour l’une (au milieu) et par la cour d’appel d’Aix (en
bas). Images fournies par l’ACEP.
Jusqu’en
1924, les entiers envoyés depuis l’Algérie étaient les mêmes que ceux expédiés
depuis la métropole (Fig.5). Toutefois, à compter de 1924, ces entiers ont été surchargés « ALGERIE ». Ceux connus
portent les numéros 351, 401 et 417 et correspondent aux stocks issus des dernières
semaines d’impression de ces entiers (Fig.5).
Figure 5 :
Entier utilisé en Algérie avant la surcharge (gauche) et le même entier avec la
surcharge « ALGERIE » (droite). Images fournies par l’ACEP
Enfin,
ces entiers sont utilisés lors des cours d’instructions pour former les futurs
agents de la poste, avec une surcharge apposée pour annuler la faciale soit :
-
manuellement à l’encre violette (« ANNULE » de 1911)
-
en typographie à l’encre noire (« ANNULE » de 1923 et
« SPECIMEN » de 1925) (Fig.6).
Pour information, il existe des surcharges
manuelles doubles en violet mais aussi des surcharges « SPECIMEN » de
grande taille sur une première surcharge SPECIMEN de petite taille. Comme souvent dans le
domaine des surcharges philatéliques, il est difficile de distinguer
l’authentique du faux pour tromper les collectionneurs (Fig.7).
Figure 6 :
Entiers utilisés lors des cours d’instruction de 1911 à 1914 (en haut à
gauche), ceux de 1923 (en haut à droite) et ceux de 1925 (en bas) (collection
J. Vigneron et collection Semeuse 22)
Figure 7 :
Entiers avec double surcharge manuelle violette en raison d’une première frappe
peu lisible par défaut d’encre (gauche) et double surcharge
« SPECIMEN » de 2 tailles différentes (droite). Images fournies par
l’ACEP
3. Les variétés
Les
variétés sont toujours recherchées par les collectionneurs pour leur côté
spectaculaire mais aussi pour les informations qu’elles apportent sur la
conception des objets imprimés. Dans le cas des timbres d’usage courant du
début du XXème siècle, elles sont assez fréquentes ce qui n'est pas le cas sur
les entiers postaux.
3.1. Les variétés d’impression
Les
variétés d’impression sont les défauts les plus « courants » car
liées au réglage de la presse, qui peut donner une impression dite
« défectueuse » (Fig.8) à cause d’une encre trop ou pas assez fluide.
Dans le cas d’une encre trop fluide, les zones théoriquement blanches de la
figurine se retrouvent plus ou moins encrées (Fig.9). Parfois des particules
présentes entre le papier et le cliché d’impression vont générer des zones
blanches sur la figurine ou sur les signatures en bas (Fig.10). Ces erreurs
n’ont pas forcément empêché leur commercialisation même si la qualité du
produit fini est moindre.
Figure 8 :
Variété d’impression (en haut à gauche) due à une pression insuffisante de la
presse qui se traduit par une impression partielle sur le papier vergé
comparativement à l’entier situé sur la droite de la figure.
Figure 9 :
Variété d’impression à gauche due à une encre trop fluide qui a conduit à une
impression partielle de la faciale comparativement à l’exemplaire de droite.
Figure 10 :
Variété d’impression due à des particules présentes sur le cliché d’impression. Images
fournies par l’ACEP
Il existe aussi des variétés avec
une double impression qui sont beaucoup plus rares (Fig.11) car il s'agit d'un
double passage dans la presse.
Figure 11 :
Entier ayant subi une double impression. Images
fournies par l’ACEP
3.2. Les variétés en lien avec le
bloc dateur
Un
autre type de variétés se situe au niveau de la date imprimée au dos de
l’entier. Il en existe trois : l’absence de date, les dates inclinées et les
dates renversées (Fig.12). Dans tous les cas il s’agit d’une erreur humaine
ponctuelle liée à l’oubli du bloc dateur ou à son mauvais positionnement dans
la planche d’impression.
Figure 12 :
Entier sans date imprimée (à gauche) et avec date renversée et inclinée (à
droite). Collection J. Vigneron.
Concernant les dates inclinées, il
est intéressant de noter qu’il est très fréquent de trouver des dates inclinées
(Fig.13). En fait sur 107 entiers répartis équitablement entre les 57 semaines
d’impression, seuls 5 ont une date parfaitement parallèle au bord de
l’enveloppe. A l’image du très bon centrage des timbres du début du XXème
siècle, le parfait alignement du bloc dateur par rapport au bord de l’enveloppe
mérite une plus-value. Ces inclinaisons sont très fréquemment vers la droite
(fin du chiffre plus bas que le début) et varient de 1 à 28° (Fig.13). Sur les
107 entiers analysés, un seul a une orientation opposée avec un angle de 15°.
Ces variations montrent que l’emplacement réservé au bloc dateur devait être
assez large pour que les caractères d’imprimerie puissent se retrouver incliné
de façon aussi importante. De plus, la large prédominance d’une inclinaison est
peut-être due, simple hypothèse de travail, au système de fixation du bloc par
vissage qui lors du serrage entrainait une légère rotation. Si tel est le cas,
l’exemple donné en figure 11 d’une inclinaison inverse indique que ce bloc
dateur devait être très incliné au départ et c’est « redressé » après
serrage. Il ne semble pas y avoir de corrélation entre le niveau d’inclinaison
des dates et la semaine d’impression (date 224 de la figure13).

Figure 13 :
Parallélisme de la date par rapport au bord de l’enveloppe (collection J.
Vigneron et Semeuse22). A gauche, la
date est parfaitement parallèle au bord de l’enveloppe alors que les 3
suivantes ont des inclinaisons de 10, 20 et 28°. Enfin la date à droite de la
figure à une inclinaison inverse des autres (-15°) et n’est pas courante.
3.3. Les variétés de découpe et de
pliage
Les
entiers postaux sont imprimés sur des feuilles de grand format (62 x 82,5 cm),
puis sont découpés, encollés et pliés (Cf. partie 4). Chacune de ces
opérations, peut être source d'un défaut qui génère une ou des variétés
d'importances diverses. Cette double phase de découpage puis de pliage est,
elle aussi, source de variétés qui peuvent être mineures (Fig.14 et 15) mais
certaines sont très importantes, tel qu'un pliage à l'envers (Fig.16).
Figure 14 :
Le timbre imprimé se retrouve à des hauteurs variables sur l’entier suivant la
précision de la découpe.
La valeur moyenne entre le haut de l’enveloppe et le haut du timbre est de
l’ordre de 5 mm.Ci-dessus
les écarts varient de 2 à 7 mm.
Figure 15 :
La vignette imprimée se retrouve à des hauteurs variables mais aussi avec des
inclinaisons variables sur l’entier suivant la précision de la découpe et du
pliage. Au verso de la deuxième enveloppe présentée en haut de la figure, on
observe qu’une erreur de découpe a conduit à une déchirure du rabat lors du
pliage et une asymétrie du rabat de l’enveloppe (verso avec numéro 226 au bas
de la figure). Images
fournies par l’ACEP
Figure 16 :
Le timbre imprimé se retrouve à l’intérieur de l’entier en raison d’un pliage à
l’envers. Entier imprimé en semaine 43 de 1907 donc fin
octobre-début novembre (collection J. Vigneron)
4. Le process de fabrication des
entiers enveloppe
Il
n’existe que très peu de bibliographie technique ou de témoignage sur le
process de fabrication des entiers postaux de type enveloppe. Le seul
témoignage indirect est celui paru dans la revue « scientific
american » du 29 mai 1909 en page 407. Cet article, cité par
« Semeuse13 » sur son blog puis par Gérard Gomez dans un article de « Timbres
Magazine », décrit la fabrication des timbres-poste à l’Atelier Boulevard
Brune où un petit paragraphe est consacré aux entiers postaux. Les étapes
successives sont l’impression des feuilles, la découpe des entiers, leur
gommage mécanique puis le pliage automatisé. Le descriptif est toutefois trop
succinct et flou pour en savoir plus.
4.1. L’impression des
entiers enveloppe
Le
premier élément dont nous disposons avec certitude est donné par le Bulletin
Mensuel des Postes et Télégraphes N° 5 de mai 1900. En page 265 sont décrits
les formats de papier pour l’impression des entiers postaux (Fig. 17). Dans le
cas des enveloppes à 5 centimes, la feuille de base est un parallélogramme de
62 x 82.5 cm permettant d’imprimer 20 enveloppes.
Figure 17 :
Tableau indiquant les formats et tailles des papiers utilisés pour l’impression
des entiers postaux
Si l’on démonte un
entier enveloppe à 5 centimes, cela permet d’obtenir un gabarit (Fig.18) que
l’on peut essayer de positionner en 20 exemplaires sur une feuille de 62 x 82.5
cm en forme de parallélogramme. Lorsque l’on réalise ces essais, on constate
qu’il n’y a que deux solutions possibles (Fig.19) :
- l’une avec tous les entiers dans le
même sens et des marges de 1,7 cm (1ere image).
- l’autre avec les entiers tête
bêche et des marges de 2.5 cm (2ème image)
Dans les deux cas
des marges, les angles du parallélogramme sont de 80° et 100°.
Figure 18 :
Entier postal de type enveloppe à 5 centimes déplié tel qu’obtenu après
impression et découpe.
Figure 19 :
Dispositions possibles des entiers enveloppe sur la feuille entière après
impression.
En haut, les entiers sont tous dans le même sens et les marges font 1,7 cm
(marges réduites au minimum). En bas ils
sont tête bêche avec des marges de 2.5 cm (marge standard avant la découpe des
entiers).
Pour choisir
entre ces 2 hypothèses, il y a plusieurs arguments en faveur :
1) des tête-bêche : (bas de la figure 19)
a. cette disposition est déjà connue pour les
entiers carte-lettre de la Semeuse lignée à 15 centimes ou la Semeuse maigre à
10c (information J. Vigneron)
b. la marge de 2.5 cm est utilisée pour
l’impression des feuilles de timbres de la Semeuse 5 centimes vert
2) des sens identiques : (haut de la figure
19)
a. cette disposition permet de découper toutes
les enveloppes dans le même sens avec un découpoir unique
b. les enveloppes obtenues sont toutes disposées
dans le même sens et donc s’empilent parfaitement
c. Jean
Vigneron a démontré grâce à une de ses variétés que les entiers cartes postales
de la Semeuse lignée 10 centimes étaient positionnés à 1 cm au-dessus de la
base de la perforation de contrôle du papier. Or cette dernière est en moyenne
à 0.7 cm du bord de la feuille. En conséquence, il y aurait une marge minimale
de 1.7 cm qui permettrait donc d'imprimer les 20 entiers enveloppes (Fig.19)
Il
est difficile de trancher entre ces deux hypothèses mais la deuxième solution
est beaucoup plus pratique pour la découpe et l’empilement des enveloppes d’où
un gain de temps et un meilleur rendement de production.
Quel que soit le modèle utilisé, la planche
d’impression devait comporter :
-
Les 20 emplacements de la vignette à l’effigie de la Semeuse à 5 centimes de
faciale
- Les 20 emplacements
pour glisser les blocs dateurs
- Les points de repère
pour la découpe des entiers (probablement 4 par enveloppe)
4.2. La découpe des
entiers enveloppes
La
découpe (ou ébarbage) des enveloppes à partir des feuilles en contenant 20 se
faisait de façon mécanique vraisemblablement par un système
« d’emporte-pièce ». La difficulté réside dans le positionnement de
la feuille afin de ne pas avoir de décalage dans la découpe car les marges
d’erreurs étaient faibles (Fig.19). L’observation de certaines variétés de
l’entier enveloppe de la Semeuse 137 montre qu’il existe des points de repère
autour des enveloppes (Fig.20). On retrouve les mêmes points en haut et en bas
des feuilles de vente des timbres-poste qui permettent de bien positionner les
feuilles en les piquant sur une pointe métallique à ce niveau-là avant
perforation. On peut imaginer le même système pour ces feuilles d’enveloppes.
Toutefois, ces points verts ne sont pas perforés sur les entiers observés. Ils
n’ont donc pas servi à positionner les feuilles par piquage sur une aiguille
métallique. Etant donné que leur présence n’est pas le fait du hasard, on peut
dire (sans jamais pouvoir le vérifier faute de trouver une feuille intacte
d’entiers enveloppes), que la feuille imprimée a elle aussi des repères en haut
et en bas pour bien la positionner avant découpe. Les points verts que l’on
observe autour de la façade de l’entier ne sont que des outils de contrôle pour
s’assurer que la découpe se fait au bon endroit et pouvoir l’ajuster au fur et
à mesure de la découpe.

Figure 20 :
Point de repérage pour la découpe (points imprimés en vert) des entiers présents
sur les rabats latéraux (image de gauche) et sur le rabat inférieur (image de
droite).
4.3. Le gommage et le pliage
Une
fois les enveloppes découpées et empilées, il s’agit de les gommer et de les
plier. Si l’on regarde de près un entier enveloppe de la Semeuse 137, on
constate que seul le rabat inférieur est encollé sur ses parties latérales. Le
rabat supérieur ne l’est pas car ces entiers servent à envoyer des cartes de
visite sous enveloppe ouverte. En conséquence, il n’y a pas besoin d’étape de
gommage du rabat supérieur puis d’étape de séchage comme on peut l’avoir pour
la fabrication d’un timbre ou d’une enveloppe fermée. Concernant l’encollage du
rabat inférieur, il parait peu probable, à l’image des feuilles de timbres ou
des cartes lettres, que le gommage soit apposé puis séché avant le pliage il
faudrait humecter la gomme avant pliage pour que la cohésion se fasse entre les
rabats. On peut donc imaginer que l’étape « d’encollage » sur les côtés
du rabat inférieur et l’étape de pliage sont simultanées afin que la colle joue
son rôle de suite. La même machine devait faire passer deux petits rouleaux
encolleurs sur le rabat inférieur avant d’enclencher le pliage. Ces plieuses
d’enveloppes sont connues depuis de nombreuses années comme le montre cet
article de 1870 (Fig.21).

Figure 21 :
Descriptif du fonctionnement d’une plieuse d’enveloppe paru dans
« Le
Grand dictionnaire universel du XIX siècle », 1870, Pierre Larousse, p 262
PS: Si certains d’entre vous ont des images ou
des informations permettant d’enrichir cet article, n’hésitez pas à me
contacter.